LE CHANGEMENT, C'EST ENCORE LOIN DEVANT ?

EUROPE: APPÉTENCE ET DÉSESPÉRANCE…

Dans un mois nous allons voter pour élire nos députés européens.
 
Je cherche un appât, un vermisseau communautaire , un leurre étoilé qui me donnerait de l'appétit et de l'enthousiasme et m'entraînerait vers le bureau de vote avec fierté et détermination!

Je cherche sur la carte de France ma "circonscription" d'où vont émerger les candidats et j'interroge mes journaux régionaux pour y débusquer un postulant ou une tête connue que je pourrais supporter pour peu qu'il se déplace vers moi avec un discours sinon un vrai programme…

Je zappe sur les chaînes de télévision thématiques pour traquer  un débat national qui me donnerait quelques références et motifs de vérifier ma carte électorale d'içi au 7 juin, seule donnée objective de l'événement!

J'entends quelques bribes et saillies vertes, roses ou bleu-fonçé lâchées par des ténors éculés qui tentent une grande lessive nationale dans la cuvette européenne qui pourrait bien devenir bidet électoral!

Je désespère d'avoir une bonne et grande faim européenne!

Je ne dois pas être le seul…

MAIS OÙ EST DONC PASSÉE L'EUROPE ?

 Comme il était prévisible, avec le passage de témoin à la Tchéquie, l'Europe a disparu de la scène internationale. Chacun est retourné dans sa cuisine nationale concocter des plans de relance dont les bouffées qui se veulent alléchantes pour leurs auteurs peuvent s'avérer rebutantes aux  voisins!

L'Europe est redevenu un puzzle dispersé, la Commission est atone. Les initiatives dues à un président décidé se trouvent instantanément diluées dans l'inaction , voire la sape d'un successeur euro-sceptique. On constate aujourd'hui combien la Communauté en son état présent est une construction de période de progrès mais qu'elle est inapte à la crise. Elle contraint quand tout va bien mais  protège guère lorsque tout va mal! Elle est orpheline d'un chef.

Notre Président est descendu de son piédestal communautaire et malgré un soubresaut de gesticulation diplomatique proche-orientale , le voici aspiré à nouveau dans la tourmente franchouillarde des ultimatum revendicatifs! Il serait mal inspiré en ce moment, d'aller en franc-tireur chercher hors des frontières un champs de manœuvre pour des actions qui le maintiendraient dans le classement des hommes d'état éminents et efficaces…

Les seules allusions à l'Europe sont les manigances anticipatives en vue des élections  de juin prochain. Dans le climat présent, les partis et hommes politiques auront bien du mal à séduire et convaincre les électeurs pour un mandat qui leur semble plus que jamais virtuel.

Et pour le moment, un autre débat est dans la rue...

L'EUROPE, NICOLAS ET LE PETIT RONCHON…

Nicolas Sarkozy était hier à la tribune du Parlement européen pour conclure son mandat de six mois à la tête de l'UE.

Etrange tribune, en réalité! Dans cet hémicycle élargi, à la doucereuse teinte azur, point de tribune élevée pour un orateur émérite. Maintenu au niveau du sol et rejeté à une extrémité , il devait paraître bien minuscule à cette assemblée, largement ventilée contrairement à nos bancs nationaux. Le symbole m'a paru fort qui nie un exécutif européen élu! Le traité de Lisbonne est toujours dans les limbes…

L' exercice oratoire de Nicolas Sarkozy n'en avait que plus de mérite qui concluait une action dense durant son fugace exercice. Le talent et les mots ont vite fait oublier ces avanies matérielles. Seul , l'unique micro placé devant l'acteur a souffert de tic  compulsif sans toutefois rendre l'âme et le son…

Jamais un mandat aussi court n'a vu autant d'urgences jaillir, nécessitant réactions, initiatives, courage et décisions qui ont bousculé les lentes et habituelles maturations communautaires même pour des exercices   généralement moins lourds. La maîtrise exceptionnelle a été saluée quasi-unanimement, nonobstant les tensions sous-jacentes évoquées à demi-mots.

La succession au fauteuil présidentiel sera difficile et sa brièveté  opportune à certains…

Seul, le petit ronchon vert  Daniel Cohn-Bendit, n'a pas applaudi?..

L'EUROPE, À QUOI ÇA SERT, MR FABIUS?

Depuis que Nicolas Sarkozy s'est assis dans le fauteuil de la présidence européenne, il ne s'y est guère endormi! Les événements se sont précipités qui lui ont offert l'opportunité d'exercer son dynamisme, de montrer sa réactivité et d'étaler une indécente santé! La chaire du président qu'il a élevée de quelques gradins est désormais visible depuis les rives de l'Amérique…

La crise géorgienne était à peine circonscrite qu'éclatait celle de la finance internationale. Jamais deux sans trois, il faut s'attendre pour la fin de son très court et provisoire mandat à quelque nouvelle déflagration qui le jetterait encore en première ligne. Autant que les choses se précipitent alors qu'il est aux commandes! Car après?…

Qu'en pensent Laurent Fabius et tous ses complices, incendiaires du Traité de Lisbonne qui aurait donné à l'Europe un président élu pour une période moins volatile? Le 1er janvier 2009, un président tchèque timoré grimpera sur ce fauteuil qui risque bien de s'user très vite de ces rotations trop fréquentes. Si rien n'est fait jusqu'alors , le prochain Français posera son fondement présidentiel sur le velours du fauteuil communautaire en 2022...

Nicolas Sarkozy aura rendu son tablier politique pour quelque autre défi aussi exaltant, tandis que le PS sera encore à la recherche d'une vision dans le fatras de ses innombrables motions obsolètes et de sa démarche abtentionniste.

L'Europe, Mr Fabius ça sert à qui veut et sait s'en servir!

À L'EST Y'A DU NOUVEAU!

Sans prétendre dénouer l'écheveau compliqué de la "crise" géorgienne, on peux balancer l'encensoir aux effluves orientales, à notre Président qui, en l'occurrence, a ressemblé à lui-même! Promptitude, (ré)-actions en chaînes , enchaînées à un rythme et avec une clarté des accords peu coutumiers de la diplomatie ordinaire…

Même les esprits chagrins de l'antisarkozysme contractuel ont du rabattre, à leur fiel défendant, et admettre son rôle déterminant et rapide dans l'arrêt des combats. La suite est menée avec la même dynamique. L'implication physique directe, sur place, avec les "belligérants" et non par les canaux empesés des chancelleries ou des téléphones rouges filtrés a surpris la communauté internationale dont les Etats-Unis, toujours campés sur leur posture menaçante, surtout lorsque le conflit reste loin de leurs frontières…

Laurent Fabius qui a susurré du bout de la lippe le satisfecit de circonstance (qui peut aujourd'hui risquer le désordre des armes sur le Continent?) devrait regretter publiquement sa campagne contre la Constitution européenne. Car si cette avancée communautaire était en vigueur, nous aurions le même président pour gérer la suite pendant deux ans encore, avec la fermeté et une cohérence indispensables.

Or Nicolas Sarkozy rendra son tablier aux 12 étoiles le 31 décembre prochain et le passera au président de la République tchèque. L'ours russe doit déjà s'en lécher les babines…. 

PARIS-MÉDITERRANÉE:UN TRAIN D'AVANCE?

Il y a un an, environ, début Mai, Nicolas Sarkozy frais élu président de la République s'accordait quelques jours de repos sur un yacht en Méditerranée. Les commentateurs et contempteurs dépités y voyaient une provocation de l'argent et une grande désinvolture vis-à-vis de ces pauvres-français-besogneux dont 55% l'avaient cependant porté à l'Elysée!

Il y a un an le président contemplait le monde méditerranéen depuis son centre de gravité, près de Malte, dans les eaux bleues de la neutralité territoriale.J'osais à l'époque (voir archive 8 mai 2007 de ce blog) un commentaire iconoclaste , pour ne pas dire indulgent, qui prend tout son sens aujourd'hui, alors que l'Europe et la Méditerranée sont réunies à Paris dans une assemblée exceptionnelle qui n'a d'équivalent que l'ONU.

La diplomatie française, fustigée de-çi de-là, fait une entrée fracassante au club très restreint des promoteurs de paix. Qu'on le doive d'abord au Président et à son conseiller aux Affaires Etrangères ou à Bernard Kouchner et aux acteurs obscurs du Quai d'Orsay n'a que peu d'importance. La France sort aujourd'hui du pré carré des amitiés personnelles ou du leg tabou du général de Gaulle au Moyen-Orient.

Je préfère cette grande mouvance internationale aux émotions transatlantiques que nous avons vécues ces jours derniers. Le défi à relever est autrement porteur d'espoir!

Et tant pis pour les esprits chagrins qui sont absents du rendez-vous.Ils rallieront plus tard si le projet se construit.

EUROPE:ENCORE LE PLOMBIER POLONAIS!

La Tour Eiffel a beau se parer d'un bleu de l'espérance avec 12 diamants en incrustation, la fête de l'avènement euro-français est gâchée. Le "transfert" des clés du bureau par un président slovène, inconnu jusqu'alors et qui le restera demain, avait des allures de jeu des mille francs…

Ce qui devait se présenter à Nicolas Sarkozy comme un tremplin pour sa maestria politique devient un nouveau défi où il devra trouver encore l'imagination et le ressort pour une autre voie. Ce n'est pas le plus mauvais acteur pour cet exercice! Les appels de "sages" pour une conduite en douceur et discrète ne me semblent pas les conseils les plus adéquats en la circonstance. Au contraire , il faudra une voix audible et déterminée, face aux turlupins qui n'ont eu de cesse de remettre en cause la charte commune après qu'ils eussent quémandé leur admission au Club!

Ne revenons pas sur les analyses, hélas à posteriori, d'une désaffection souterraine et croissante pour un appareil lointain, technique, déshumanisé et plus réducteur que porteur d'un avenir éclairé. Génératrice de désillusions l'Europe s'est fourvoyée dans la main de technocrates anonymes quand elle devait être un espoir et, pour beaucoup, un modérateur aux politiques nationales dispersées, voire en dérapage.

Le nouveau Mammouth hydrocéphale doit être reconduit à l'étable et le vétérinaire Sarkozy doit lui administrer un changement de régime alimentaire draconien! Les farines nutritives doivent être fournies par des acteurs volontaires, déterminés à une recette cohérence dans la durée.Les francs-tireurs de l'alimentation doivent rester à l'écart de cette cure!

Quant au plombier polonais qui vient de crever un tuyau au lieu de tenter de colmater les fuites, qu'il prenne des cours de formation communautaire avant de revenir s'occuper de l'abreuvoir!…

God luck Mr President!

LA LONGUE MARCHE D'EUROPA …

  Selon les présages, notre Président devait trouver dans son fauteuil temporaire de Bruxelles une alternative très dynamique mais sereine, aux turbulentes nécessités intérieures.

Las, les augures se sont embourbés dans la tourbe irlandaise et la réussite des réformes françaises apparaît comme le miel en cette fin de semestre chahuté!

Le chemin de l'Europe est semé d'embûches, les 27 réunis pour morigéner le premier ministre irlandais ont divergé comme une centrale hors contrôle et nous voilà fâchés avec le président de la Commission!

Vivement le 14 Juillet qui réunira à Paris les vrais "amis" de la France…

ROUTE DE DUBLIN, CHEMIN DE DAMAS?

Le rejet du Traité de Lisbonne par les Irlandais brouille les cartes que Nicolas Sarkozy tenait en mains avec l'intention d'abattre ses atouts! La donne est changée et un jeu neuf doit être distribué avant toute nouvelle partie.

Cette rebuffade gaëlique semble indiquer que les citoyens ayant le moyen public de s'exprimer refusent une autre Europe, au prétexte que celle qui les "gouverne" de loin ne les satisfait pas! Réaction déconcertante mais réalisme percutant!

Deux options peuvent alors s'offrir à un acteur déterminé tel notre Président. La première serait de bricoler un plan "C", troisième avatar d'une communauté qui est en réalité un composite de 27 éléments hétérogènes, concocté à l'écart d'une authentique demande populaire. Le citoyen européen n'existe toujours pas!

L'autre voie maîtrisable est la (re) constitution d'un nouveau noyau dynamique de nations en fusion sincère, aux intérêts politiques partagés, pour une Europe des hommes plutôt que des nations. Ce processus gigantesque doit être dramatique pour être enfin pleinement et consciemment vécu. Il pourrait passer par le démantèlement de l'édifice qui a été laborieusement construit jusqu'alors mais dont la solidité des fondations ne répond plus aux contraintes que toutes les cooptations "en catimini" lui ont fait subir!

Le dur chemin de Damas du prochain président passe par Dublin. Bon courage à lui!

IRLANDE: GUINNESS DES RECORDS!

Le beau puzzle européen laborieusement reconstitué par le Traité de Lisbonne se disperse dans le brutal courant d'Eire du référendum irlandais!

La démocratie communautaire succombe par l'expression de 862415 citoyens d'un pays en comptant 5 millions et qui lancent un camouflet celtique aux 500 millions d'européens. Un authentique record à arroser copieusement à la Guinness!…

Grâce aux subsides communautaires, ce pays est passé en 10 ans d'un "pauvre" empêtré dans ses tourbières séculaires, au rang de "Tigre celtique" avec un revenu par habitant sur le podium des gagnants. La réaction d'ingratitude de cette "majorité" locale n'est pas sans rappeler celle des ruraux français qui ont naguère fait basculer la France dans le camp du refus contre la constitution modèle Giscard.

Mais au delà de l'apparence nationale de l'événement, on peut se demander en outre si les Irlandais, seuls à user du référendum, n'ont pas voté par un sorte de procuration occulte, au bénéfice d'autres citoyens du Vieux Continent privés de cette expression?

Traversons l'Atlantique. Les Etats Unis comptent environ 40 millions de descendants d'immigrants irlandais. Ces parrains influents ne seraient-ils pas le bras armé de l'Amérique contre la naissance d'un nouveau géant politique qui lui ferait de l'ombre, malgré les propos d'un Georges Bush venu flatter le désormais prochain mais provisoire président d'une Europe déconfite?

God damns Irland, for the time being! 

DANS UN MOIS, DANS 7 MOIS ?

Dans un mois, la France prend la présidence de l'Europe.

Co-fondateur et pilier de cette communauté, elle en est aussi un membre turbulent! A la fois contestataire et promoteur, mauvais élève mais agitateur d'idées, elle va asseoir dans le fauteuil éphémère de la présidence européenne un Nicolas Sarkozy qui a anticipé avec le Traité de Lisbonne, la marche de ce monstre politiquement mou vers une troisième puissance mondiale.

Durant ces six petits mois, seront remis en chantier ou initié, la défense commune, l'immigration, l'union de la Méditerranée, l'adhésion des pays des Balkans et probablement un nouveau gouvernement de l'€uro. Mais le tournant historique sera la concrétisation des accords de Lisbonne qui fera de notre président le dernier à siéger en CDD!

Après lui, un président sera désigné pour 2,5 ans ( quelles âpres négociations ont accouché de cette demi-année? ) et un Haut représentant des affaires étrangères parlera au monde la langue des 27 ( puis 28, 29 , 30, etc.).

Pendant 6 mois notre président va laisser du champ national à son gouvernement qui pourra invectiver La CEE si nos pécheurs et agriculteurs sont en mal d'avenir…

Mais une question fondamentale se pose : Le président délocalisera-t-il son bureau à Bruxelles pour le temps de son exercice?

VOLEZ PARLA LO LINGUO DE VÔTRO PROUVINCO?

La réforme constitutionnelle prévoit de satisfaire à la Chartre européenne des langues régionales!…

Hormis quelques universitaires baba-cool et associations néo-folkloriques, on ne sent pas, me semble-t-il, une demande énergique et urgente de retour aux régionalismes linguistiques?

Avant que de revivre dans une langue locale, il me paraît autrement souhaitable que les Français puissent s'exprimer et se comprendre en français! On est loin du compte et Xavier Darcos en sait quelque chose, qui tente de ramener chacun sur le registre d'un code linguistique commun, accessible et audible à tous!

Pire encore quand j'observe la Belgique, cette nation faite de l'artifice de deux communautés linguistiques et qui bringuebale inexorablement vers l'éclatement et la dissolution…

Par quel étrange paradoxe, l'Europe, cette belle utopie du rassemblement, pousse-t-elle à la balkanisation de ses membres? Au contraire de ces incitations dangereuses pour la cohésion des nations, il serait préférable de promouvoir une langue commune qui concrétiserait son identité et faciliterait sa perméabilité à tous!

Une grande partie des européens sait dire "Euro". C'est le premier mot d'un lexique partagé, dans une communauté aux 27 dialectes officiels!

La suite reste à inventer!