Manuel Valls arrive ce Jeudi en Nouvelle-Calédonie. Mais, dirait le vulgum pecus (et beaucoup d’autres avec lui s’ils étaient au courant), que va-t-il faire si loin alors que le boulot urgent ne manque pas à Paris ? Prendre l’air, s’éloigner de Macron, plonger parmi les coraux pour oublier les contestations hexagonales ?
La mission est bien plus délicate, quand bien-même elle échapperait aux nombreux tumultes du moment. Il doit évoquer l’avenir constitutionnel du territoire faisant suite aux accords de Nouméa de 1998. Sans refaire la complexe et parfois douloureuse histoire de l’île, un terme important approche qui doit décider de son avenir. En effet un référendum d’autodétermination doit intervenir avant 2018. Entre les autonomistes conduits par les Kanaks et les partisans du maintien dans la communauté française, le choix sera encore douloureux. Le Premier ministre va tenter un arbitrage pour essayer de concilier des positions extrêmes et éviter le référendum « couperet » qui raviverait des tensions dangereuses et un devenir en suspens.
Cet épisode réveille une curiosité que l’école, même celle que j’ai connue, et l’actualité n’assouvissent guère. La France d’outre-mer est gravement ignorée par les médias qui traquent les évènements de proximité faciles à couvrir avec un journaliste stagiaire et une caméra. Il faut quelques manifestations ou échauffourées brutales pour dépêcher des envoyés spéciaux et interviewer le (pardon, la, en ce moment) ministre « des Outre-mer ». Dès les Tjibaou (†) et Domota ramenés à la raison grâce à quelques nouveaux subsides métropolitains, le calme retombe, laissant aux citoyens l’image enchanteresse d’iles paradisiaques et paresseuses…
Et l’actualité se reconcentre aussitôt sur le nombril hexagonal, Corse comprise aussi, quoiqu’en pense Talamoni.
Pourtant, l’étendue, la diversité et l’emprise mondiale des territoires français devraient être des motifs de fierté et des objectifs de nouvelles conquêtes pour de fringants entrepreneurs et aventuriers modernes.
Petit décompte de cette richesse incroyable et quasi inexploitée, au sens moderne s’entend. Les départements, collectivités et territoires qui battent pavillon tricolore sont au nombre de 22. Bien que certaines terres soient inhabitées, la population cumulée est de 2,65 millions, soit 4% de celle de la métropole. La surface représente en revanche 18% de celle de l’Hexagone. Mais le plus invraisemblable est le nombre d’îles, atolls, îlots ou rochers de ce formidable archipel circumterrestre : 446, si mon exploration « aérienne » est bien exhaustive, regroupés autour de 146 appellations géographiques aux noms pittoresques, exotiques ou trompeurs.
Mais le plus fantastique que permet cet immense déploiement est le domaine maritime qui place la France au second rang mondial derrière les Etats-Unis ! Si cette dénomination fausse le jugement car l’eau reste un domaine international, en revanche les fonds et sous-sols de cette gigantesque emprise font droit au « propriétaire ».
Alors, avant que les zadistes ne débarquent sur ces territoires lointains, n’y a-t-il rien à exploiter, sans mettre en danger la planète, qui mette du poivre ou du beurre dans les maigres épinards à crédit de la maison-mère ?...