Subitement est apparu dans les débats de campagne le lapin sorti du chapeau électoral : Référendum !
Nicolas Sarkozy avait manié la baguette magique le premier , évoquant cette procédure comme recours à l'inertie conservatrice des « Corps intermédiaires », ces anticorps très vivants contre l'audace et le changement.
Illico, François Hollande eut cette répartie fulgurante qui devait asséner une riposte cinglante à l'adversaire : le référendum exclusif et déterminant serait celui du 6 Mai, c'est-à-dire le second tour des présidentielles qui concrétisera son plébiscite par un peuple entier, rassemblé et volontariste, avide de justice, de vérité et surtout de douceur !
Lors, François Bayrou qui n'est jamais en reste d'initiative et d'originalité, fustigeait les raisons du premier, tout en réfutant également l'argument du second. C'est là que sa position médiane révèle toute la subtilité de la philosophie du Centre, cet individu politique en voie d'apparitions récurrentes, à la consistance et au comportement de céphalopode benthique, cette espèce marine qui émerge des profondeurs périodiquement et tente de s'agripper alors à un autre corps vivant, grâce à ses ventouses …
Bien entendu , tous les autres candidats , chefs de tribus guerrières ou de cohortes éphémères, ont fait chorus contre cette conception dévoyée de la démocratie dont ils sont les ardents défenseurs, fusse par la révolution !
Mais à la surprise générale , une riposte déconcertante vint du Béarnais reprenant la balle dans son habile chistéra, avec l'art subtil qu'autorise celle-ci et qui lui sied si bien (« la réception, le blocage de la pelote, la décomposition du geste et la possibilité de prendre son élan pour le renvoi »). Prenant de vitesse le président-candidat, il annonce un référendum dès le 10 Juin en vue de réformer et clarifier la représentation démocratique!
Si l'objet est intéressant et même très séduisant, le menu est dense qui obligerait les électeurs à une digestion forcenée d’ici à cette date. Le référendum qui fit chuter De Gaulle en Avril 1969 n'avait posé que deux questions pertinentes et qui demeurent toujours d'actualité , en particulier concernant la réforme du Sénat. Mais un référendum ne peut poser qu'une question claire pour obtenir une réponse massive , claire, et de préférence positive...
Nicolas Sarkozy, auquel On ( Le conglomérat des anti-Sarko patentés) a reproché naguère son activisme dans les réformes et maintenant la pauvreté de son bilan, a raison de vouloir installer une démocratie plus directe et instantanée. Les sujets de réforme qui intéressent les Français sont aussi nombreux qu'indispensables . Mais la procédure demande de la pédagogie en amont, et sans doute plus et mieux que celle qui a éclairé celles réalisées durant le quinquennat passé.
La réforme de l’État, des assemblées , des modes de scrutin , de la représentation et du statut des élus représente déjà un plan de travail dense et complexe Il est d'autant plus ardu, qu'un consensus de résistance lui sera opposé car il visera inéluctablement à la diminution drastique du nombre des représentants et des nombreuses et précieuses sinécures associées..
La laïcité, la nationalité, la balance et la transparence des comptes publics (Règle d'Or), le contrôle des gestions territoriales, le statut, la représentativité et le financement des syndicats, la participation de l’État dans les grandes sociétés économiques, son implication dans les orientations stratégiques (énergies, ressources, eau) mettent assez de pain sur la planche de salut que les futurs présidents ne pourront contourner ! Sauf à se réfugier dans une inaction confortable pour au moins 5 ans...
Alors le Référendum, arme de décisions massives ou arme de dissuasion passive ??
Rétroviseur: Cycles du Modem