S’il en fallait, les derniers événements tragiques qui concluent cette semaine sont là (je risquerais même à point nommé), pour relancer le débat sur la Nation, son identité et surtout son unité. Si les consciences des plus obtuses ne sont pas enfin décillées c’est à désespérer de l’intelligence humaine et l’esprit cartésien dont nous avons l’héritage.
L’énorme secousse qui a traversé le pays avec l’assassinat des dessinateurs de Charlie hebdo a provoqué des réactions spontanées et multiples que le pays n’avait pas connues lors d’attentats précédents meurtriers, en particulier celui de la gare Saint Michel en 1995 qui fit 8 morts et 117 blessés. L’exécution programmée de personnes visées nommément ajoute à l’évidence à la cruauté d’actes terroristes tuant des anonymes. La vague de compassion qui en est résultée a concrétisé la fureur en même temps que l’horreur.
Mais ne cache-t-elle pas une révolte plus profonde étouffée jusqu'alors par le diktat du consensus?
Finis les « éléments de langage » lancés comme un exorcisme, des actes isolés, d’individus à la dérive ou psychologiquement irresponsables, quand ce n’est pas sous l’effet de substances illicites. Quant à la grande incantation « pas d’amalgame », son crédit prend un sérieux coup de semonce. S’il n’est pas national, il semble bien qu’il devienne transfrontière !...
Entre ce que Zemmour l’essayiste constate du passé et ce que Houellebecq romancier (ou prophète ?) écrit d’un avenir possible, notre présent s’éclaire des funestes lumières des tirs de Kalachnikovs et de grenades offensives. Marqueur sinistre que nul ne peut plus ignorer ou écarter sous le parapluie d’un antiracisme de bon aloi. Et qui devrait ramener à l’indulgence, ou mieux encore à une honnête contrition les inquisiteurs qui ont si rudement et publiquement condamné le premier et sans doute les mêmes qui s’affairaient à fourbir les armes de la détestation et du bannissement à l’égard du second…
« Je Suis France », n’est-ce pas plus pertinent et ambitieux que « Je Suis Charlie"