Le grand défi de l’illettrisme et l’innumérisme français est en passe d’être relevé ! On a beaucoup glosé sur l’illettrisme et les pauvres résultats de l’école publique pour permettre aux écoliers de parvenir à une maîtrise correcte, sinon académique de la langue française. D’ailleurs les quotidiens, même les plus réputés, les dames météo dans l’exercice quotidien et burlesque de leur prestation et les journaux télévisés avec leurs bandes défilantes sous l’image, maltraitent allègrement la langue avec les alibis de l’exclusivité ou de l’urgence. L’accord du participe passé est la règle grammaticale la plus communément chambardée. Il est vrai que notre belle langue est un peu sophistiquée. Le tagalog des Philippins est plus facile à assimiler…
On parle peu de l’innumérisme qui est au calcul ce que la « malexpression » est au langage. Et la pandémie, pour être plus discrète n’en est pas moins réelle dans notre pays. Un palliatif moderne permet, avec les calculettes, de masquer les déficiences et allergies face aux tables de multiplication et autre règle de trois. Et puis la publicité brouille les chiffres quand elle propose un « pack » de trois unités pour le prix de deux…
L’Éducation nationale a pris le problème en mains, si je puis dire, et NVB est à la tâche ! Plus de notes qui traumatisent les bambins. Finies ces sanctions négatives avec les chiffres, surtout ceux en dessous de 10. Terminée la stigmatisation du cancre prostré au fond de la classe avec ses bulletins à un chiffre ! Désormais une qualification de l’accès à la réussite sera faite avec des lettres. C’est la mode. Dommage, car les chiffres sont mondialement reconnus qui nous ont été donnés par les mathématiciens arabes...
Il me vient à l’idée que les notations de Standard & Poors , Moody’s et autres agences de notation mesurant l’économie des états servent d’exemple aux nouveaux pédagogues attentifs au bien-être moral des élèves. AAA , A+ ou bien encore Aa sont des qualificatifs qui ne génèrent pas l’anxiété ou un traumatisme profond. La France qui est passée du triple A à un binôme moins triomphant n’en est pas complexée pour autant. Elle s’en fiche même éperdument…
La grande école des cadres utilise aussi, depuis sa création un système de notation à trois lettres que seuls les initiés et anciens élèves reconnaissent. Dans ENA, la première lettre signifie Excellence, le A, jamais attribué, coifferait les Ânes, et le N révèle le lauréat Normal. Dans la promotion Voltaire, François Hollande avait obtenu cette note en fin de cursus.
Demain il faudra simplement prendre soin de ne pas confondre le Carnet de santé et ses indications Rhésus avec le Bulletin scolaire des enfants, pas plus que Michel Sapin ne s’embrouille entre les courriers du FMI et son carnet de soins…