Après Sea France, c'est le tour d'Air France de désenchanter le rêve! Les commentateurs font assaut de calembours et jeux de mots: La compagnie est face au crash, elle va sombrer ( mauvais rappel du vol Rio-Paris), turbulences dans le ciel français...etc.
La réalité est plus simple sinon plus claire. L'entreprise, longtemps fleuron national, fut gérée comme toute entreprise publique, avec un rien de laxisme, un contrôle de gestion élastique, gavée aux subventions et surtout aux ordres des dictatures syndicales internes.
Porte-drapeau de la tradition aéronautique nationale et mémoire emblématique de son passé de pionnier elle a traversé les époques et gouvernements avec les bienveillantes et peu regardantes bénédictions étatiques..
Les syndicats, retranchés dans un Comité d'entreprise tout puissant ont mené et malmené les présidents dont certains, réalistes, avaient pourtant des velléités de réforme.
53000 emplois directs, des centaines d’accords d'entreprise particuliers, des pilotes parmi les mieux payés au monde, une flotte d'avions hétérogène, un coût du travail à la française, des privilèges très gracieux, pérennes et étendus au large cercle de famille et... 800millions de pertes en 2011!
Dans le sillage de Sea France, filiale de la SNCF, « Un service public au service de lui-même », laissé à son auto gestion calamiteuse favorisant l'organisation quasi-mafieuse des opérations à bord, l’ébranlement d'Air France focalise à nouveau l'attention sur la gestion para-publique, au moment où le jeune gouvernement entend appliquer sa nouvelle politique sociale, corollaire du redressement productif.
Le pétulant ministre en charge Arnaud Montebourg, flanqué (ou précédé?) du vieux routier ministre du travail Michel Sapin, va sûrement trouver une solution originale pour que les avions tricolores retrouvent de bénéfiques ascendances. Sans licenciements "secs" comme l'ont annoncés en préalable à tout débat, les syndicats bleu-marine aux galons très dorés!
François Hollande a raison de se raccrocher à l'international pour goûter une période de trêve et échapper au blues de l’intronisation . Jusqu'alors, il a passé le plus médiatique de son temps à l'étranger avec des chefs d'états qui l'ont accueilli avec bienveillance et courtoisie ce qui n'est que normal et protocolaire. Hormis deux conseils des ministres, il abandonne à JM Ayrault les bisbilles nationales, ce qu'il avait annoncé antérieurement . Pour cela, il tient parole !
En revanche, il est à craindre que le "réenchantement du rêve" qu'il promettait naguère à la France, ne retombe très vite sur une réalité brutale. Les voilures flageolantes de nos beaux avions risquent bien de nous éveiller brutalement, comme Icare se brûlant les ailes et n’être que le lever de rideau d’autres déroutes économiques fracassantes..
Je garde le souvenir ému d'une compagnie modeste au statut privé et original, UTA, qui m'a transporté avec d'autres explorateurs des marchés lointains, vers les terres australes ou africaines . Il n'était pas rare alors de retrouver à bord d'un 747 des visages familiers parmi l'équipage, ce qui ajoutait au plaisir et au confort du voyage.
Cette belle compagnie disparut du ciel par une superbe manœuvre de passe-passe énarchique qui lui fit perdre son identité alors qu’elle « rachetait » Air France ? Il faut se méfier des responsables-pas-coupables politiques qui prétendent faire du business, le mot profit n'est pas inscrit dans leur gènes. L'histoire récente est illustrée de ces grandes et belles entreprises glissant vers la déroute financière ou l’abus de bien public..
Mais avec AIRFRANCE (dernière contraction dynamique sur les carlingues) c’est la fierté nationale qui est chahutée toute entière…