Dès la prise en mains du pays par la nouvelle majorité, le changement s’est opéré, visible et audible, tant les relais impartiaux des médias ont fait preuve d’une belle amplification démocratique.
Le Président :
Comme annoncé par le candidat, le Président a tenu la dragée haute aux grands de ce monde, en dépit de la taille de la France. Il n’a pas cassé la baraque, comme aurait pu le faire maladroitement son prédécesseur, mais louvoyé en douceur et gagné son pari grâce à son art consommé du compromis.
Et aussitôt, à la Porte de Camp David il a pu rassurer les Français en les assurant qu’il avait « honoré leur confiance » ! Dont acte Un.
La suite ne fut que menus plaisirs et congratulations. La réunion de l’OTAN, une formalité qui a mis les alliés devant le fait, pas encore accompli : nos troupes quitteront l’Afghanistan fin 2012, sauf celles dont la présence est indispensable pour en assurer le retrait en bon ordre…
Prochaine étape internationale, Bruxelles où Van Rompuy et les autres accueilleront ses propositions avec soulagement et reconnaissance, aucun des présents n’ayant songé précédemment que le développement crée des richesses et donc des ressources pour dépenser !..
Le Gouvernement :
Pendant ces voyages présidentiels, le gouvernement s’est mis au travail…des législatives. Cette urgence commande tous les agendas depuis que le chef a donné leur feuille de route aux bizuths. Ils doivent se présenter aux législatives et… gagner, faute de quoi leur maroquin leur sera retiré ex abrupto !
Cette incitation présente plusieurs avantages.
Mettre un ministre en tête de gondole d’une liste de circonscription ne va pas faire rire l’UMP qui ne l’a guère pratiqué. La notoriété naturelle du postulant donne de la voix aux indécis et moutons des isoloirs, voire même de l’enthousiasme pour un scrutin où les citoyens arrivent fatigués..
Second avantage, une fois le succès obtenu, c’est le (la) suppléant(e), qui se retrouve au Palais Bourbon. Le mentor s’assure de la fidélité et du soutien inconditionnel de son filleul et concourt à la promotion d’un petit nouveau pour préparer l’avenir de la Gauche.
Troisième intérêt, et non le moindre : si d’aventure (et le pire est toujours probable en politique), le titulaire d’un ministère est remercié, il trouve immédiatement sa place chaude à l’Assemblée nationale, sans avoir à passer par Pôle emploi. Avec le titre illustre d’ancien ministre qui lui ouvre les portes de la notoriété, voire de la Légion d’Honneur, il bénéficie de ces menues et discrètes prodigalités républicaines pour soigner son désarroi immédiat…
Le Premier ministre a toutefois instillé un condiment démocratique d’un genre exclusif: tout candidat battu sera éjecté de l’équipe gouvernementale. Beaucoup étant précédemment élus, ils retrouveront cependant leur fauteuil laissé à leur suppléant lequel sera honoré avec une nouvelle délégation ou la présidence de l’agglo locale…
Une seconde équipe gouvernementale sera alors constituée qui ouvrira les portes dorées à d’autres camarades impatients et reconnaissants !
Mais une chose m’interpelle dans ce beau processus : pourquoi certains ministres n’affrontent-ils (-elles) pas les urnes ? C’est le cas de Christiane Taubira et Najat Vallaud-Belkacem en particulier. Est-ce parce qu’elles sont les cartes maîtresses de la parité diverse , ou qu’elles n’auraient aucune chance d’être élues et n’ont pas de bergère de repli ?….