Avez-vous lu l’un des nombreux livres publiés par des hommes politiques ? Êtes-vous adepte des confessions ou repentances, des révélations, des vérités fausses ou vraies, ou des résolutions, pour ne pas dire des promesses ?
Encore que des ouvrages témoins, tel celui de Philippe de Villiers, puissent nourrir le goût de la réalité (qui dépasse la fiction) ou du suspense d’un assidu de romans, je doute du véritable intérêt des citoyens pour des œuvres qui ne concourent pas, à l’évidence, pour les prix Goncourt ou Renaudot…
La sortie d’un bouquin par une tête politique est promue directement ou indirectement par les médias avec une publicité volontaire ou décalée servant le rédacteur mais aussi l’éditeur qui tente de rentabiliser un investissement risqué. Pour en rajouter, avec la force des images, les files d’attente de clients pour obtenir le précieux autographe de l’auteur lors d’opérations de dédicaces, sont montrées et certains « patients » interviewés. Il n’est guère douteux que le zèle mis à venir et prendre la queue est une adhésion sans condition à l’homme assis derrière le bureau, dans un décor de littératures enluminées qui donne de la solennité à l’opération.
Le collectionneur de paraphes, dont il n’est pas assuré qu’il lise au-delà de la page contenant la pensée amicale de l’auteur ( lequel le méconnaissait avant la signature), rangera le précieux tome dans la bibliothèque concrétisant sa vénération pour les beaux ouvrages littéraires. Non sans y avoir inclus, pour les plus modernes, une photo ( selfie ) de l’heureux instant…
Quant au fond, pour ceux qui s’attèlent sincèrement et avec curiosité à la lecture, qu’en attendre ?
Venant d’un revenant, les promesses de changement enrobées dans des circonvolutions de repentance, sont-elles de nature à ouvrir un nouveau champ d’adhésion, surtout si la confiance passée a été largement écornée par les faits ? Gros doute ! Pour un ascendant dans la carrière politique et candidat à un poste élevé, voire le plus élevé et le plus convoité, 200 pages d’intentions ou de résolutions ont-elles valeur de contrat avec le lecteur ?
Pas plus que les promesses déversées par décibels tonitruants lors des campagnes, ces lignes susurrées dans l’intimité ne portent garantie à leur lecteur solitaire et pourtant bienveillant.
Je vois en revanche une manière de contraindre les candidats qui couchent leur détermination sur vélin et y apposent leur signature. Dans un État où l’élu à la présidence ne prête pas serment devant le peuple, contrairement à beaucoup d’autres, ce document précieux pourrait lui être opposé publiquement et légalement en cas de forfaiture et de reniement des engagements.
À défaut de pouvoir modifier la Constitution dans ce sens, ce qui ne fait hélas aucun doute, un autodafé gigantesque des ouvrages paraphés, place de la Concorde, vaudrait destitution populaire autant et plus rapidement qu’un hypothétique envoi devant la Haute Cour de la République…
Mais il aurait fallu, avant son élection, acheter à l’auteur son livre par millions, ce qui pourrait le mettre autrement en péril, face au Fisc toujours soupçonneux à l’égard de recettes douteuses ou d’un patrimoine minoré….