Pour cette dernière rubrique de l’Avent, je me permets un souvenir personnel que se remémoreront beaucoup d’entre vous *…
C’était en octobre 1956, à l’Ecole de l’Air, lors de l’adresse solennelle du Commandant de l’école à la nouvelle promotion d’élèves officiers, après la mise en conditions (à la discipline , à la rigueur et à l’organisation solidaire face à des chambardements subits et imprévisibles…) des traditionnels bahutages.
Le général Delfino, as de guerre du Normandie-Niemen, nous fit alors une prophétie qui devait marquer 56 promotions successives, jusqu’à ce jour, curieuse coïncidence temporelle ( 56+56= 2012), qui ne peut manquer de nous interpeller?
La différence avec la prophétie Maya, c’est, qu’en dépit d’une pessimiste anticipation de sa prédiction, le temps finirait par lui donner raison.
Il nous annonça tout de go: « Vous êtes la dernière promotion qui piloterez des avions de chasse », non sans avoir préalablement fait s’élever dans l’immense amphithéâtre les mains des candidats navigants, seuls « piegards* » qui méritaient son attention et son estime…
Ce jour est arrivé avec le premier vol d’un avion de guerre sans pilote que vient de faire décoller un collectif d’industriels européens, sous la maîtrise d’œuvre de notre grand avionneur national, Dassault.
Le Neuron, très opportunément écrit « nEUROn », est le précurseur de ces escadrilles qui enverrons les pilotes manier une console depuis un rocking-chair. En somme, ils poursuivront dans le confort d’une ambiance collective et confortable, les jeux vidéos de leur enfance, en y gagnant des palmes virtuelles qu’ils pourront montrer le soir même à leurs enfants et leur épouse, comblés par leur présence rassurante et quotidienne…
Si les nouveaux combats deviennent cybernétiques, les effets collatéraux de morts réelles n’en seront que plus illégitimes. Déjà dans la plupart des conflits contemporains, les assaillants ne voient plus leurs cibles et leurs victimes, que ce soit avec une simple et rustique roquette lancée de Gaza, un missile intelligent tiré d’une frégate ou des engins balistiques comme les affectionnent les derniers tyrans.
Les nouveaux cursus des écoles de guerre devront intégrer cette modernité paradoxale qui protège de plus en plus les soldats et de moins en moins les civils!..
A propos de civils, que ceux qui nous gouvernent restent dans la réalité! Le monde nouveau , celui déjà instauré par les technocrates de Bruxelles suggère un gigantesque cyclotron , anneau rebouclé sur lui-même qui dépense une énorme énergie interne au grand désarroi des euro-citoyens...
Souhaitons pour la France que jamais ce syndrome neutronique ne contamine gravement notre Président et son 1er Ministre, déjà fort désemparés dans les turbulences économiques et sociales.
Et qu’un pilote, un vrai, un fort, demeure dans l’avion !
* J’ai pris quelque liberté avec la chronologie , due à la distance avec l’événement, mais je certifie l’exactitude de l’anecdote!
** Pour les non-initiés, « Piégard » qualifie un élève du « Piège », c’est-à-dire l’Ecole de l’Air de Salon-de-Provence. L’origine de ce pseudonyme est discutée et contestée depuis son établissement dans le Mistral provencal en 1937, année de naissance de votre serviteur (encore une coïncidence troublante?..)