En ces temps agités et revendicatifs, une altération des comportements s'est installée chez nos ministres, victimes de l'impératif de communication. Ou plutôt , victimes de communicants discrets , à l'heure tyrannique des Rolex...
Naguère ils se faisaient rares , voire lointains ou indifférents aux faits journaliers qui affectaient le peuple. Ils s'affairaient dans leurs habits de notables. Sans doute travaillaient-ils à leurs nombreux dossiers. Un déplacement sur le lieu d'un évènement dramatiquement inhabituel avait alors grande valeur de symbole.
Désormais, à la traine des médias, ou plutôt pour ne pas être doublés par eux, les ministres quittent en hâte leur bureau doré, à chaque accident affectant des citoyens ou une communauté. Drame ou péripétie sont traités avec une égale diligence. Le ministre « en charge » doit se présenter devant les caméras , appareils photos et micros, faute d'être considéré comme indifférent aux malheurs des Français, ou même d'autres, déracinés exotiques.
La commisération est un devoir d’État, la compassion doit être publique, le discours réactif , le commentaire indigné, contre les fauteurs ou les caprices du temps ! Un chef de cabinet ou un préfet sera mis à témoin des dispositions à prendre pour ne plus avoir à faire face à tel événement incontrôlé.
Puis le ministre remonte dans le Falcon gouvernemental et rentre à la maison, non sans avoir tenté d'éviter les enregistrements « off » dont la presse est gourmande, et qui peuvent inverser le sens élevé et noble de sa démarche !
Le président, quant-à-lui, sillonne la France des entreprises car l'avenir du pays est entre leurs mains. Pour les grandes qui menacent de délocaliser ou réduire les effectifs, le réconfort et le message d'espoir en face des syndiqués en casque jaune et badges rouges. Pour les petites, inventives ou « cocorico-vintage », la glisse joviale sur le label Qualité France qui chante les beaux jours des trente glorieuses laborieuses..
Curieusement, il ne visite jamais de collectivités territoriales, région ou département ? Ce sont pourtant des conglomérats aux multiples activités , particulièrement inventifs dans les investissements productifs et l'exportation du savoir-faire local, recruteurs et gestionnaires de milliers d'emplois et grands mécènes de la culture qui atteint ainsi les couches populaires les plus excentrées et même ultra-marines...
Le Président, en manifestant intérêt et attention à ces entreprises non délocalisables, resserrerait en outre le lien synergétique qui doit unir les territoires à l'État dans la recherche de l'harmonie et la cohérence républicaines auxquelles chacun aspire...
http://target2007.typepad.fr/hgizardin/2006/12/chirac_voeux_ut.html