Au risque de paraître ronchon voire discordant dans le chant de louanges entonnées depuis hier, je trouve la médiatisation faite aux deux journalistes rendus à la liberté un tantinet indécente.
Oubliés Martine , Ségolène, Christine, Eva et Mélenchon. Balayés d'un rapide spot les nouveaux et ex ministres. La Grèce attendra. Kadhafi et Assad peuvent s'accorder un peu de repos autour d'une tasse de thé à la menthe.
Le service public a été pris en otage par la corporation des journalistes de France Télévisions . Et les auditeurs avec !
Dès l'annonce de leur libération , c'est à qui racolerait le plus d'informateurs avisés et d’experts en enlèvements pour élaborer sur des plateaux bruyants une saga qui pourrait devenir légende ! La profession s'est enflammée dans des congratulations sublimes et des larmes poignantes où la compassion le disputait à l'égo . Au service de l'information sans frontières, chacun de la profession se sent soudain un héros , ou son petit frère...
Aujourd'hui, ils sont enfin arrivés, attendus par leurs collègues, amis, comité de soutien, parents, copains, et sympathisants, impatients de témoigner de leur efforts, leur pugnacité et leur foi, devant les caméras. Il y avait même des ministres et un chef d’État...
Ils ont été un peu décontenancés , et pour tout dire déçus, de voir débarquer deux hommes ayant gardé santé, lucidité et même sens de l'humour. Seraient-ils apparus hâves, chevrotants et éblouis, le choc eût été plus salutaire et leur compassion plus légitime.
Qu'à cela ne tienne, les jours prochains vont nous livrer en boucle tous (non, peut-être pas tous) les détails de leur captivité , sentiments et relations avec leurs différents geôliers. Avec ou sans eux, car il n'est pas certain que cette explosion médiatique serve au mieux leur réinsertion dans leur vie privée et professionnelle ?
Cependant , un autre événement va bousculer cette marée de bonheur. Un mariage princier est promis au bon peuple en méga vision. Les régies vont être confrontées à des choix cornéliens !
D'autant qu'il faudra ensuite couvrir le Tour de France, la canicule et ses incontournables témoignages provinciaux , les bouchons de départs en vacances avec les mêmes interviews aux péages, puis le 14 juillet et enfin tous ces reportages aux fin-fonds de cette belle France si bienveillante aux touristes étrangers...
Oubliées pour le temps de vacances « méritées », les rugosités politiques et les âpretés de la vie reviendront fort heureusement étayer les JT à la « rentrée »...
Ouf !