Les circonstances douloureuses que connaît la France ne doivent pas dérouter une attention publique par des amplifications compassionnelles et un débat de rue qui est indécent, surtout lorsqu'il est alimenté par la mèche anti sarkozienne ranimée systématiquement à chaque fait politique ou événement social!L'opinion et ses sondages à chaud sont un avatar de plus de cette nécessaire et urgente réaction médiatique où par essence, ni le rationnel ni l'expertise sont entendus!
Les français acclament leur forces armées sur les Champs Elysée avec une fierté naïve qui souvent ne le doit qu'à la majesté multicolore, musicale et ordonnée du défilé . Leurs enfants font la guerre devant leur ordinateur et gagnent des combats face à des forces très méchantes , supérieures en nombre et bien virtuelles… La face réelle , celle du danger de mort, de l'impondérable, de l'ennemi déterminé, est gommée, cachée dans un inconscient nourri par une période de paix qui a abrité une génération entière.
Les armées sont équipées et entraînées pour le combat! L'entraînement réaliste présente lui-même un quotient de risque assumé et ce ne sont pas mes anciens camarades pilotes de chasse qui me contrediront…. S'engager pour "voir du pays" ou supposer que les pertes humaines sont désormais proscrites relève d' illusions puériles ou d'un exorcisme frileux. Le statut du militaire comprend ce risque propre le distinguant fondamentalement d'autres activités qui "frôlent" le danger mais où l'art et la dextérité des acteurs consistent à l'écarter, parfois au dépend de la performance. C'est souvent tout le contraire pour le soldat!
Le président de la République a la très lourde charge d'engager les forces lorsque cela lui apparaît nécessaire. Il n'est pas seul pour prendre telle décision même si elle est souveraine. Il ne peut être tenu pour comptable des vies humaines. Il est élu pour assumer les actions grandioses ou sombres et son aveu public récent du poids de cette responsabilité révèle assez une prise de conscience qui est apparue nouvelle?
Cette révélation devrait modérer les invectives des détracteurs empressés et surtout nourrir le prochain débat de l'Assemblée Nationale sur les engagements stratégiques de la France, débat trop tardif mais hautement et plus que jamais justifié.