Madame,
Votre fils Nicolas, devient turbulent et impertinent!
Nous avions admiré tantôt un garçon dynamique, souriant, imaginatif et prometteur lorsqu'il illustrait , avec panache, la génération des quinquagénaires qu'une France lasse et désabusée attendait de ses vœux. Nous fûmes comblés par son accession au magistère suprême de la Nation et nous partageâmes votre fierté, fort modeste, lors de son investiture officielle sous les ors de la République. Il était épanoui et heureux! Nous aussi, délestés enfin d'un avenir racorni qui pesait à nos épaules .
Or, voici que depuis la nouvelle année, il semble se complaire à nous distraire de son Œuvre maîtresse par des saillies malvenues, des fulgurances inopportunes, des excès verbaux, des attitudes familières, tel un vilain garçon qui prendrait plaisir à nous provoquer en graffitant les belles images qu'il dessina lui-même en 2007?
Je ne puis imaginer que tout cela vous laisse indifférente? Auriez-vous toléré naguère qu'il tapotât familièrement d'augustes personnes plus âgées que lui ou de notoires personnalités , qu'il montrât à tous la désinvolte semelle d'une chaussure dans les cours les plus protocolaires, qu'il ne boutonnât pas une veste croisée, qu'il tutoyât tout un chacun, qu'il lançât des gros mots en public ou qu'il mentit effrontément à un grand président?
L'avez-vous privé de catéchisme, ou d'une vocation, pour qu'il manifeste soudain un bruyant prosélytisme religieux? Lui avez-vous caché les livres d'histoire en le détournant involontairement des horribles réalités du siècle dernier, au point qu'il veuille s'acquitter d'une culpabilité soudaine et tardive avec les très jeunes français?
Non, Madame, je ne peux imaginer carences pareilles d'une mère que nous savons exigeante et attentive. Au contraire nous portons à votre crédit son goût de l'effort et du dépassement, son courage physique qu'il a démontré très jeune, son optimisme de l'avenir, son énergie qu'il ne mesure pas, et son grand sourire lorsqu' il ne joue pas au vilain.
Madame, nous savons que le lien filial demeure le plus fort en toute circonstance et qu'une mère n'a que faire de la notoriété de son enfant si elle veut le tancer quand il joue malencontreusement au farfadet.
Madame, je vous prie de bien vouloir me pardonner une requête audacieuse, mais que je pense urgente pour le bien de la France. Pouvez-vous, sans délai le tirer par l'oreille devant sa photo officielle de président et l'y tenir dix minutes bouche cousue et mains dans le dos?
Je vous prie de croire , Madame, à mon profond respect et à mon intense gratitude.
Henri Gizardin