Monsieur le Président,
Vous ne me connaissez pas car je ne suis pas ancien de l’ENA, pas membre d’un syndicat, je n’ai pas enfilé de gilet jaune (mais cependant pas jeté celui de ma voiture) , je ne suis pas policier et je ne me suis pas trouvé sur le trajet de votre itinérance mémorielle récente.
En réalité, je suis un ancien de l’armée de l’Air, celle que avez peu visitée, car, comme votre « sponsor » et prédécesseur, vous préférez le faste maritime sur le Charles-de-Gaulle aux opérations furtives et rapides des aviateurs, ce que je peux comprendre sinon admettre.
Pour être totalement honnête en cette fin d’année, je vous dois une vérité antérieure, je n’ai pas voté pour vous en 2017, mais si cela peut vous rassurer, pas davantage pour votre concurrente. J’ai, comme nombre de mes concitoyens un peu dépités, lâché un bulletin blanc dans l’urne. Une urne funéraire pour mon candidat préféré , défait par des affaires d’emploi fictif et de garde-robes.
Cependant la démocratie, si imparfaite soit-elle, vous a installé au poste suprême de la République, ce qui ne saurait être contestable.
Votre responsabilité est grande et je mesure la rudesse et les contraintes de votre charge!
Je vous plains pour les défections ministérielles dont vous fûtes victime, ainsi que les comportements indignes d’un membre de votre cabinet que vous créditiez d’une confiance et d’une attention toutes particulières.
L’année 2018 aurait pu enfin connaître une issue plus paisible, n’était une stupide décision des avides fourmis de Bercy , trouvant le prétexte du climat pour ponctionner les automobilistes, et qui a jeté des hordes jaunes indociles sur les boulevards, routes et giratoires de France.
La constance de leurs démonstrations vous a contraint à quelques prodigalités avant Noël, mais qui ne semblent pas avoir calmé leurs exigences.
Au contraire, avec le temps, les requêtes se sont élargies à des domaines que vos conseillers n’avaient point imaginées et que votre gouvernement désemparé a eu fort mal à gérer.
L’année 2019 va donc débuter, et sans doute se prolonger, par l’étude des milliers de doléances d’un peuple avide de progrès social. Les commissions, débats , querelles de clocher, votes et contestations vont saturer l’espace public, et peut-être encore les ronds-points. Et sans aucun doute troubler votre sérénité et affecter vos moments d'intimité familiale?
Je vous souhaite pour ces défis, toute la santé nécessaire , et le bonheur d’un terme satisfaisant pour la communauté nationale.
Votre très attentionné citoyen,
Henri Gizardin
PS: puis-je me permettre l’audace de vous suggérer de changer de gouvernement pour mieux répondre à ce nouveau et très exigeant monde?