À de nombreuses reprises, j'ai pourfendu l'invasion de l'anglais dans toutes les activités écrites, parlées et encore plus jouées. Gaulois, sans doute trop linguistiquement réac , mon allergie est exacerbée tous les jours par les publicités et bandes sonores des films et séries télévisées.
Bon, je pourrais censurer en n'ouvrant pas la boîte à images, mais le besoin d'informations et le goût du cinéma (partagé) me contraignent à ces indigestions quotidiennes qui ne m'apprennent rien de l'anglais, mais polluent et pervertissent la langue que j'aime.
Je passe sur les pubs de voitures, qui philosophent dans des avenues désertes de tout autre véhicule, et celles des parfums qui volent des panoramiques parisiens irisés avec les messages oniriques de nymphettes voluptueuses et éthérées, quand elles ne s'identifient pas au démon...
Dernière expérience inattendue, sinon traumatisante, avec un très beau film qui a recueilli trois CESAR mérités, dont celui du meilleur premier film. "Petit paysan" traite des angoisses du monde rural à travers le portrait d'un éleveur confronté à une épidémie frappant son troupeau de vaches qui terminera chez l’équarrisseur malgré toutes ses astuces, stratagèmes et petits mensonges pour le sauver.
Hubert Charuel le réalisateur, fils d'agriculteurs, déclarait lui-même lors de sa remise de prix : « Je remercie l'Académie d'avoir récompensé un film de ploucs sur les ploucs, par un gros plouc »
Hors, ce « gros plouc » dont le film a été tourné en grande partie dans l'exploitation familiale, à Droyes, en Haute-Marne a illustré le générique de fin d'une étrange et fort peu campagnarde bande sonore, d'un certain Myd ( allias Quentin Lepoutre) dont le titre Phil-Buck 65 clame dans un Rap anglophone incompréhensible, une fable ampoulée à haute prétention philosophique dont la traduction me laisse atone (* voir original et traduction de la chute). On est très loin de la traite des vaches, du vêlage réel et émouvant et des odeurs nuancées de foin et de bouses que respire le spectateur tout au long de ce drame poignant, surtout si l'on connaît ou a connu le monde agricole...
Et l'auteur a été gratifié d'une nomination à la même cérémonie des CESAR, preuve que la tendance bobo de la culture moderniste investit le monde agricole !
Moi, j'ai vite arrêté la séquence pour demeurer dans l'émotion première, très terre-à-terre...
*From storm clouds come angels Des nuages d'orage viennent des anges
let pain give you pleasure laissez la douleur vous faire plaisir
from dirt grows the flower de la saleté pousse la fleur
when faith can't be measured. quand la foi ne peut pas être mesurée.