Comme je le redoutais dans un article précédent l'émission (Déballage concentré), le prétendu débat télévisé de ce mardi soir fut un long embrouillamini fastidieux, à l'effet hautement pervers!
Match d'individualistes à onze, la confusion et la perte en ligne des propos entrecroisés étaient maîtrisés tant bien que mal par les rappels au temps de l'arbitre Ruth Elkrief. Il fallait faire preuve d'une grande prétention pour avoir imaginé qu'une telle rencontre puisse orienter des adhésions ou mieux (ou pire) éclairer les 30% d'indécis qui entendent encore, à condition d'écouter, à 19 jours du premier tour !..
Comme prévu , les candidats originaux ( appelés précédemment «petits» par la corporation médiatique qui s'est depuis lors censurée) ont été les piments jetés dans la soupe populaire, faisant de la rencontre un nouveau spectacle burlesque. Que le comique Poutou soit applaudi après l'une de ses improvisations à haut débit en dit long sur la tenue de cette grande célébration de la démocratie..
Car c'est bien au nom de la belle démocratie que cette parodie de débat fut commise. Dès la fin de la rencontre, et encore le lendemain, les sondages prétendent faire émerger une synthèse en posant une seule et identique question « qui a été le plus convaincant ? ». Convaincant pour quoi ? Pour la clarté apportée à un programme, ou plutôt pour la qualité du show et l'humour des réparties et autres saillies postillonnantes ?...
C'est probablement l'effet inverse à celui souhaité qui va résulter de cette coexistence antagoniste éphémère d'une soirée brouillonne . La dispersion hasardeuse ou vindicative des voix au premier tour risque bien d'envoyer sur la touche les candidats les plus structurés et potentiellement fondés à prétendre à la magistrature première du pays. Car il s'agit bien d'élire un président et non de faire des voltiges et galipettes franchouillardes plus ou moins fantaisistes et motivées autour des urnes ! Pour les citoyens qui décideront encore de se déplacer...
Un effet boomerang ouvrant la route finale à deux finalistes « mineurs » pourrait laisser la France sidérée et totalement décontenancée. Pire, une abstention massive enverrait à l’Élysée un candidat élu avec une singulière majorité qui ne serait réellement qu'un paradoxal très petit pourcentage des 45 millions d'électeurs inscrits.
On avait déjà frôlé ce scénario avec la campagne précédente en 2012, et un président élu par substitution...
Alors j'espère que le Franc Favori sorti vainqueur d'une primaire républicaine , n'ira pas se fourvoyer dans une ultime et désastreuse réplique prévue par France 2, trois jours seulement avant le premier tour !
PS: 18:40, j'apprends que ce rendez-vous est annulé! La perversité de cette émission , faussement démocratique, a-t-elle convaincu les principaux candidats qui se sont démis?...