...EN APESANTEUR..
Ce vendredi 13 janvier, deux O.S. très spécialisés ont pris leur service vers 13 heures , heure française, pour un boulot important et délicat qui devait durer 6 heures , si on compte avec attention, comme à la CGT. En réalité, et paradoxalement, ils verront le jour se lever 4 fois et bosseront la moitié du temps de nuit. Et pire, il rejoindront leur résidence de nuit. Mais Ils n'auront pas de délai de route, car ils sont logés sur leur chantier....
En outre , les conditions très spécifiques de leur environnement les obligent à revêtir un scaphandre et porter un très volumineux équipement avec des caméras espions et des micros qui permettent à un contrôleur de surveiller constamment leurs manipulations et leurs échanges . De plus, pour parer à toute velléité de quitter le poste pour une petite pose , ils sont retenus par un solide filin sur le lieu de travail!
De telles sujétions et contraintes, inhumaines au 21 ème siècle, ne peuvent être acceptées que par des travailleurs détachés et probablement pas protégés par un syndicat vigilant. Il est certain que les conditions de ce travail mériteraient en France, d'abord un arrêt prolongé de travail , de très nombreux RTT, et enfin une grosse inscription sur leur compte pénibilité qui leur ouvrirait droit à retraite très anticipée!....
Mais ces deux-là ne travaillent pas en France et d'ailleurs dans aucun pays souverain. Ils sont dans un domaine international, à 4OO km autour de la terre et sous protection de la NASA.
Ce sont l'Américain Shane Kimbrough et le Français Thomas Pesquet ! Et ils sont très satisfaits, à juste titre de leur job.
L'observateur curieux et envieux ( j'en suis! ) a pu suivre cette expérience , invité en temps réel et au plus près.
Grâce aux caméras de casque, on pouvait assister à leur bricolage spatial , comme étant à leur place. Manier un tourne-vis électrique sans percer la combinaison est plus compliqué que le faire sur terre. En revanche tous les outils et boulons sont à portée, amarrés et rien ne manque car vérifié avant la sortie avec une revue de détail très détaillée ...
Les indications précises des opérations successives les amenant à remplacer des batteries étaient télé transmises en continu par un "coach" bienveillant et vigilant basé à Houston. Attention délicate, il a félicité Thomas en français à l'issue de cette sortie réussie!
Le plus étonnant et pittoresque fut le déshabillage après la rentrée dans la station. La femme de l'équipage, Peggy A. Whitson qui en a vu d'autres (7 sorties orbitales à son actif !) a retrouvé ses réflexes de nounou et procédé à cette opération avec une certaine agilité très féminine , mais aussi une virilité très efficace et apparemment nécessaire pour les extirper de leur habit de lumière un peu pollué des émanations corporelles de 6 heures de labeur....
La retransmission en direct s'est interrompue très pudiquement avant qu'ils ne se débarrassent de leurs sous-vêtements plus complexes qu'un slip made in France , ce qui nous a privé des congratulations et libations que les deux "piétons de l'espace " méritaient à juste titre.
Je retiens le jeu de mots involontaire d'une journaliste un rien chauvine de Fr2, le lendemain matin:
"Avec cette sortie dans l'espace, Thomas Pesquet est entré dans l'histoire!"....