Bien qu’Albion ne soit pas convaincue d’adultère, toutes les capitales européennes parlent de divorce. On aurait pu imaginer que secrètement elle ait commis l’inceste avec ce vieux parent d’oncle Sam, mais apparemment ce n’est point de cela qu’il s’agit aujourd’hui. C’est d’une communauté multiple réduite aux acquêts qu’elle divorce, dont chaque membre trompé n’a pas les mêmes exigences.
Paradoxalement c’est Hollande, celui qui n’a jamais convolé, qui tonne le plus fort la requête, avec une procédure expéditive, comme un amant bafoué. Angela, pragmatique et pécunieuse ne fait pas chorus, quand Matteo Renzi, sans botter en touche, demeure plus circonspect, mezzo-voce.
Mais ces trois-là ne sont que le 1/9ème du cercle de famille et les exigences venant de l’est et du sud ne sont pas claires qui vont s’exprimer à Bruxelles ces mardi et mercredi.
Pour ce divorce déjà si complexe , il apparaît que c’est le fautif qui doit officiellement et paradoxalement le demander en déposant une lettre circonstanciée sur le bureau de Juncker ( ou de son remplaçant, si l’affront fait à la Commission entraînait logiquement sa démission ?). Camerone ne semble guère pressé et voudrait passer la hot potato à son successeur présumé. Le bouillant Boris Johnson, chaud partisan de la sortie, s’avère maintenant bravache et timoré face à ce nouvel exercice qu’il a provoqué. Il n’y croyait pas , comme tous ces tourneboulés bruxellois sans plan « B » ?
Mais, procédure initiée, un divorce fait appel à des avocats pour la défense de parties en litige et selon la forme de séparation requise, amiable, acceptée ou pour faute. Qui seront donc ces maîtres en plaidoiries selon les plaignants ? Et dans quelles langues se dérouleront les audiences ? Pour la France qui semble arguer de la faute, un ténor du barreau serait souhaitable. Je pense à Roland Dumas dont les multiples expériences politiques et judiciaires assureraient la plaignante, la France, de toute sa subtile et virile sollicitude. Son passé éloquent en atteste .
Pour les autres , je ne souhaite pas m’immiscer dans leurs affaires, mais je leur souhaite bon courage. Rendez-vous dans quelques années, sauf si par quelques sursaut anticonstitutionnel la Reine sortait de sa royale et étonnante réserve et rappelait ses facétieux sujets à la raison pour sauver l’intégrité de son royaume, tout en adjurant son nouveau premier Ministre de ne jamais porter la maudite lettre à Bruxelles…