Dans le calendrier des jours en l’honneur « de », les dates seront bientôt saturées. Jadis, la Fête des mères, qui fut initiée en France au début du 20 ème siècle, constituait une rare date civile révérée. Le prix Cognacq-Jay, créé en 1922 après la grande guerre, récompensait des familles nombreuses et donnait lieu à de charmantes photos où jusqu’à 12 enfants, groupant des ados, des enfants et des bambins, pouvaient entourer leurs géniteurs éblouis. Cette pittoresque célébration a laissé la publicité à de nouveaux anniversaires, fruits de revendications sociales progressistes plus dans l’air du temps.
La Journée de la femme qui célèbre aujourd’hui les libertés acquises (dont la totale maîtrise de son corps) mais promeut d’autres revendications, a condamné peu à peu l’éloge de la famille nombreuse. Ne s’en réjouissent désormais, en toute discrétion, que ceux qui en font une source de revenu non négligeable, voire principale…
Femmes électrices, libérées, mères célibataires, en couple entre elles, les conquêtes contre le machisme franchouillard et conspué périodiquement ne sont pas terminées. La parité qui a créé des duos (non, pas des couples !) lors des dernières élections départementales est une importante avancée dont les bénéfices se feront connaître après la période de gestation indispensable et l’éviction des derniers réfractaires masculins. Il demeure cependant encore beaucoup de champs à débroussailler dans le domaine politique. Je suggère une mesure exemplaire au niveau le plus représentatif de l’État, qui rendrait enfin l’honneur ultime et légitime à Marianne, sublime effigie de la République. Le premier ministre d’un président mâle devrait obligatoirement être une femme (ou équivalent) et vice et versa !
Cependant, le culte inversé de la Femme, jadis objet soumise du désir, désormais actrice déterminée de son avenir, commet hélas des effets pervers et des dommages collatéraux envers les hommes. Si l’on n’y prend garde et sans redouter des excès ou des ravages de futures amazones, la prééminence des manifestations et célébrations en faveur du sexe jadis « faible » pourrait bien conduire à la réattribution de cet adjectif à la gent masculine. Afin de ne pas brusquer une opinion, pour le moment ouverte ou complaisante à l’égard de la parité dans toutes les activités de la société, et compte-tenu de la saturation du calendrier, je propose l’instauration d’une journée de l’Homme le 29 février. La première échéance ne vient que dans 4 ans, ce qui laisserait le temps à la communauté nationale de mûrir la nouveauté sans déclencher immédiatement les contre réactions d’associations vigilantes et bruyantes.
L’année bissextile serait en outre particulièrement opportune pour célébrer les deux sexes, enfin égaux, lors d’une fête fraternelle et œcuménique…