À la une d'un journal régional, édition locale * aujourd’hui en gros titre accrocheur :
« Racisme présumé à la caserne.. »
Voilà, on y est ! Le plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme de Valls est publicisé par les médias avant-même qu’une loi soit décrétée. Le chômage, le déficit budgétaire, les querelles politiciennes locales qui finissent par lasser le lecteur cèdent à l’occasion leur récurrence à des événements plus accrocheurs. Et là c’est tout bon. Les pompiers, ce corps d’élite chéri des citoyens, corrompu par le virus du racisme ? Au feu, au feu, le vivre-ensemble sacré est menacé par les pyromanes de la haine !
Certes, dans le titre, l’adjectif « présumé » protège l’incertitude de l’information et la déontologie de la rédaction. L’expérience montre assez que dans une révélation, c’est ce caractère qui imprime le moins la rétine et que la présomption est à l’innocence ce que la promesse politique est à la sincérité..
Mais le plus grave n’est pas là. Désormais une parole, un regard et bientôt, pourquoi l’esquiver, une pensée, seront susceptibles de plainte au motif de racisme ou de discrimination patente. Une parole contre une autre. L’une des deux, la première, plaignante sera entendue, l’autre de défense à priori marquée du sceau de la suspicion. Les commissariats seront encombrés, les associations confortées dans leurs généreuses subventions pour porter plainte en tant que partie civile, les avocats débordés et les tribunaux surchargés.
On comprend mieux, ce qui interroge nombre de citoyens, pourquoi Christiane Taubira se maintient à son poste, malgré une impopularité qui reste présumée (Préjugé audacieux puisqu’aussi bien elle ne fait curieusement jamais l’objet d’un sondage de popularité ?). Les vils quolibets contre sa personne et autres caricatures blasphématoires justifient plus que jamais la vigilance extrême d’une Garde des sceaux qui saura mieux que quiconque promouvoir la nouvelle inquisition à défaut d’élargir les murs des maisons d’arrêt.
Mais une question reste latente. Si les sanctions contre les infractions racistes deviennent pénales, comment seront couverts les préjudices et amendes par les inculpés impécunieux, indigents ou assistés ? Par des peines de prison avec remise ?...
*Midi Libre- Sète