Pour ceux qui ont écouté les instances nationales des partis, les conseils impérieux étaient claironnés dès le soir du premier tour, et en particulier celui du président de l’UMP concernant l’attitude à adopter en cas de choix FN versus PS (ou plutôt alliance hétéroclite et polychrome de gauche) au second tour des départementales.
Comment imaginer, avec cette bronca manifestée contre les partis de pouvoir, et spécialement contre le PS cette fois-ci, que les électeurs vont entendre les recommandations qui viennent de si haut et surtout si loin ? Dimanche prochain, les électeurs vont redescendre sur place et choisir selon leur humeur rébarbative. Contre les gabegies locales, le clientélisme, et les professionnels englués dans leurs habitudes qui devraient songer à cette retraite qu’ils réclament chaudement pour les travailleurs. Un mandat ne serait donc pas un travail, et surtout pas frappé du label nouveau de la pénibilité ?...
Dans ces cantons du sud qui ont subi la gauche aux différents niveaux du territoire, le « ras-le-bol » prévaudra sans doute avec une attitude rebelle ou même très assumée en dépit du sceau infamant d’ « antirépublicain ». Mais par quelle pédagogie soucieuse et motivée les citoyens ont-ils été éclairés sur les avantages et inconvénients réels des choix qui leurs étaient offerts ? A-t-on parlé du département, ses attributions, ses secteurs exclusifs, son fonctionnement ? Avec des couples pacsés pour l’occasion et qui reprendront leur liberté dès le troisième tour, celui de l’élection du président de cette assemblée. Il n’a apparemment pas été imposé une telle parité sur l’ensemble des 101 prochains présidents(tes) et le machisme traditionnel reprendra le dessus à coup sûr !
Entre des socialo-communistes bien connus et ridés et des têtes nouvelles souvent inconnues, pour conduire un destin bien incertain du département, le risque n’est pas grand, même si les aptitudes ne sont pas bien démontrées. Aux coutumes socialisantes et dépensières, beaucoup d’électeurs préféreront sans soute des CV politiques vierges ou légers, au bénéfice d’une expérience nouvelle qui ne sera pas le cataclysme annoncé par Manolo-le-gardien-de-la-République. Et puis mettre des candidats novices au pied du mur est une manière de test quasi anodin qui servira l’avenir d’autres échéances plus importantes.
Rappelez-vous le slogan de la loterie nationale : « Tous ceux qui ont gagné avaient joué ! » Cette fois ci pour la loterie démocratique c’est l’inverse qu’il faut entendre: « Tous ceux qui ne jouent pas vont perdre »…