Il eut été invraisemblable que l’opération d’atterrissage sur la comète Chury (ou Tchouri) se déroulât exactement comme prévu. Car nombre d’incertitudes demeuraient sur cet objet fusant, mal identifié. C’était précisément la raison première de cette exploration ambitieuse.
Et d’abord rappelons-nous que les technologies installées à bord ainsi que les logiciels de commande datent de plus de 10 ans . Comment se présentait notre téléphone portable en 2000 avant que Steve Jobs ne présente le tout premier IPhone d’Apple en 2007 ? C’était encore ce pittoresque Radiocom 2000 qui nécessitait un assistant à côté de l’opérateur pour porter le fardeau de la batterie. Beaucoup d’allure, mais une franche contrainte… En 2004, année du lancement de la sonde Rosetta par Ariane, le célébrissime Minitel était encore utilisé par près de 25 millions de personnes. Quant à la batterie installée à bord de Philae qui produit l’énergie nécessaire après cette décennie de sommeil, c’est un peu la pile Wonder de l’espace qui » ne s’use que si l’on s’en sert » !
Après que tout se soit déroulé comme planifié, ainsi que la descente sur le site choisi, la première frasque du petit robot fut apparemment de ne pas sortir ses harpons pour s’arrimer à la comète dans une embrassade historique. Caprice de l’explorateur ou résistance de l’hôte face à un intrus un peu trop insistant ? Nous en aurons le cœur net dans les prochains jours. Mais cet incident a conduit à deux cabrioles au ralenti de Philae, comme dans ces vidéos de publicité qui nous font voir des envols gracieux et lents de nymphes au-dessus des agitations fébriles de la rue. Sauf que nous avons été privés de cet étonnant spectacle spatial.
Imaginez les rebonds incertains de ce petit module, pour cause d’absence de gravité. Il aurait pu se perdre dans l’espace, se crasher lentement, mais cul par-dessus tête ou s’enfoncer dans une anfractuosité. La baraqua (sinon Dieu, qui semble se retirer des affaires cosmiques) a marqué sa repose définitive, un peu en devers près d’un rocher qui lui masque le panorama auquel il prétendait. Mais bien vivant et toujours avide de découvertes !
Cet épisode burlesque, commenté avec une certaine ironie par les responsables du projet qui ne manient pas la sinistrose et la langue de bois, me fait songer à une animation des studios Pixar que je vous invite à déguster. Pour patienter avec le sourire, en attendant un compte-rendu plus sérieux sur l’état des lieux de Chury-la-vedette…
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