Bientôt 13 régions seulement. Voilà un travail législatif rondement mené ! Depuis l’esquisse grossière sur un coin de table de style, à l’Elysée en début d’année, jusqu’au vote de L’Assemblée ce mercredi, le turbo a été mis aux trains-trains express régionaux.
Les détracteurs, ronchons, chauvins et nostalgiques ont été contraints sous le joug du réalisme. Non pas celui d’une économie d’échelle mais la prétendue réalisation d’entités capables de se mesurer aux länders allemands. Toujours cette puissante attraction germanique…
On a vu à l’œuvre les forces résistantes locales et alliées entre régions concernées, en particulier le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. On a constaté, une fois encore, tout le poids inutile du Sénat dans le débat parlementaire. Les honorables membres de la Chambre haute qui doivent leur siège aux élus de la territorialité n’ont cependant pas pu apporter leur modification au projet gouvernemental.
Des parlementaires inspirés, dont le député (PS) J-J. Urvoas militent avec juste raison pour une liberté laissée aux départements de divorcer de leur région mère, agrégation somme-toute assez récente. Je rappelais ici naguère que la Creuse regarde plus du côté de Montluçon que de Bordeaux. Nombreux doivent être d’autres cas.
13 régions : un chiffre porte-bonheur ? Pas sûr pour les charges et dépenses liées à ces regroupements. Imaginons les organisations, et déplacements qui seront engendrés par les élargissements géographiques. Ne doutons pas que les assemblées territoriales auront à cœur de disposer d’annexes dans les autres agglomérations, en particulier dans la ville précédemment chef-lieu de la région avalée. Conserveront-elles ces magnifiques hôtels de régions si récents ? Et quid des pléthores de fonctionnaires territoriaux. Mis en retraite anticipée ou recyclés avec déménagement, mais avec ménagement et primes conséquentes pour compenser les chocs physique et psychologique ?...
Cependant tout n’est pas encore fait. Dans son sac à abrogations qui contient déjà la Loi Taubira et les rythmes scolaires, Nicolas Sarkozy vient d’ajouter cette réforme territoriale « qui ne peut s’imposer » ! Le Conseil Constitutionnel est promis à un sacré boulot dans les années qui viennent…