Planquée derrière les agitations européennes et le nouveau débat sur la famille, une coupe en catimini dans le budget de la défense allait une fois encore grever les militaires (ces uniques employés de l’État qui n’ont pas le droit de grève). Cela, en dépit d’une loi de programmation militaire (LPM) couvrant 2014/2019, votée l’an dernier et dont le président disait au début de l’année qu’elle serait « sanctuarisée ».
Or donc, la découpe avec le ciseau bercynien appelé « variable d’ajustement budgétaire », que tous les gouvernements ont peu ou prou pratiquée, menaçait à nouveau de fonctionner. Las, les chefs, d’ordinaire silencieux et obéissants, ont agité leurs képis et casquettes, menaçant de les déposer sur le bureau de leur ministre. Tentative de coup d’éclat qui ne doit rien aux coups d’Etat dont la Thaïlande nous démontre une fois encore la parfaite maîtrise et l’efficacité, mais qui chez nous prendrait les allures d’un putsch !
Le ministre de la défense qui exerce son mandat avec une écoute bienveillante et silencieuse, est sorti de la discrétion qui cimentait son amitié avec le président pour se fendre alors d’une lettre au premier ministre, lequel a immédiatement stoppé la bronca militaire avec une déclaration ferme :
«ce qui doit compter, c’est la parole du chef de l’Etat. Et le chef de l’Etat a dit très clairement au début de l’année que la LPM serait sanctuarisée par rapport aux choix qui sont faits par le gouvernement sur le budget»(sic).
Mais on sait ce qu’est une déclaration solennelle du chef d’État ! On a appris, après deux ans d’exercice, qu’il faut souvent entendre le contraire. Valls qui a bien étudié le manuel politique hollandais a donc, avec cette affirmation, judicieusement renvoyé la balle gros calibre au président !
Rappelons, et en particulier à l’intéressé, qu’il est Chef des Armées et que la Vème république a sanctuarisé cette noble et grande mission à l’Élysée. Mais son locataire quelque peu aphone depuis janvier, n’a pas éprouvé le besoin de s’exprimer pour soutenir et conforter ses troupes qu’il envoie volontiers se faire voir ailleurs, en Afrique !
Y-a-t-il encore un chef à la tête des Armées ?
Et de la France !