Un phénomène curieux et rarissime est observé avant les élections européennes. Alors que tous les instituts de sondage et autres prévisionnistes de la météo communautaire annoncent une désaffection, voire un rejet profond pour ce scrutin, un record toutes catégories est établi pour le nombre de candidats en lice et de listes qui les portent ?
En France (métropole et OM) 193 listes, oui je dis bien cent quatre-vingt-treize portent un nombre total de candidats que j’ai renoncé à débusquer. Rien qu’en Ile-de-France 31 listes sont en concurrence avec quelques noms connus, et beaucoup de lampistes. La moyenne est de 24 listes par circonscription. Je doute que les têtes puissent venir au contact direct des électeurs comme je redoute le mur des panneaux d’affichage officiels qui risque de cheminer bien au-delà de la limite autorisée dans nos bourgs et villages…
Chercher à comprendre les arcanes et les résultats attendus d’un tel vote nécessite pour le citoyen consciencieux une traque pugnace et une logique, sinon une intelligence, qui échappe à la plupart des curieux. Dire que c’est la raison du manque d’ardeur à se rendre aux urnes serait vrai si l’obstacle de l’incrédulité rampante vis-à-vis de cette lointaine Europe n’avait déjà stoppé les ardeurs citoyennes. Mais pour le pugnace qui insiste, le mur de l’incompréhension et de la défiance freine toute tentative qu’il souhaiterait pourtant positive…
Légitimement, il en vient à se poser la question de cette énorme inadéquation entre la nuée de postulants pour Strasbourg et le peu d’empressement public pour les y envoyer. Et le doute sur la véritable motivation des premiers germe inéluctablement dans l’esprit. Pour la bonne soupe étoilée ?
Peu lui chaut alors de comprendre le mécanisme complexes de répartition des sièges en fonction des résultats d’une proportionnelle que l’on dit détournée mais qui permet à quelques inactifs de trouver un CDD international de cinq ans, éventuellement renouvelable et fort bien rétribué. Encore moins tente-t-il de chercher quels partis européens, qui lui sont par ailleurs totalement étrangers (sans jeu de mot), vont héberger les heureux élus dont il ne lira les noms qu’une fois, le lendemain du scrutin dans son canard régional, et qui disparaitra dans le mutisme ordinaire des médias.
Comme retombera le silence sur les travaux du parlement européen dont une des premières et innovantes décisions sera d’entériner la désignation du prochain président de la Commission, entre le luxembourgeois Junker et l’allemand Schulz, préemptés en toute intimité par les chefs d’états et de gouvernements…
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