Les médias frétillent du prochain remaniement et les pronostics placent quelques challengeurs dont les visages et les pédigrées sont connus. Trop connus !
Aubry, Sapin, Fabius, Bartolone et Valls constituent le quinté du galop Matignon. Il y a entre eux des points communs, le premier étant qu’ils se réclament du socialisme même si leurs convictions couvrent un large spectre dans cette idéologie et que Mélenchon leur meilleur ami/ennemi saurait très bien discerner. Comme naguère Mitterrand, leur carte du PS leur sert de garant pour toute candidature. Je n’ai jamais pu me convaincre que Fabius nage dans le social tel un poisson rouge dans l’eau de rose. Pas davantage Valls que je vois plus mieux sabrer des têtes que pratiquer la taille fine des rosiers.
Un cheminement similaire les rassemble dans le domaine social. Ils ont tous divorcé et convolé une seconde fois, à l’exception de Fabius. Preuve qu’ils savent gérer des situations conflictuelles, qualité hautement nécessaire en politique et particulièrement en cette période.
Hormis Valls, ils ont déjà usé le maroquin avec un souvenir plus ou moins ancré dans l’inconscient citoyen. Si Martine Aubry est inexorablement « auréolée » de cette mémorable avancée que sont les 35 heures à accrocher au Panthéon des grandes révolutions sociales du XX ème siècle, Fabius est recordman de postes prestigieux au service de la République. Les autres ont un bilan plus ténu et l’on peine d’ailleurs à se rappeler que Bartolone fut un jour ministre.
Ce qui les distingue tient un peu à leur âge, et beaucoup à leur origine, leur cursus et leur signe zodiacal. Fabius est né dans le 16ème arrondissement, ce ghetto des pauvres, Aubry fille de son père, dans le 17ème, tandis que Sapin sent le métallo de Boulogne-Billancourt, et ils sont de purs produits de l’ENA. Les deux autres ont vu le jour à l’étranger, Valls à Barcelone et Bartolone à Tunis, bien loin de cette nurserie prestigieuse. Ils n’en ont que plus de mérite, mais n’est-ce pas un handicap aux yeux du président ?
Si Fabius, qui fut le plus jeune premier ministre de la Vème, est désormais le vétéran, Aubry, Sapin et Bartolone partagent avec lui la branche des sexagénaires tandis que Valls fait figure de freluquet. Mais le signe du Lion lui a conféré ce caractère franc, dynamique et une ambition qu’il ne masque pas sous le masque fourbe de la corporation. L’autre Lion est étrangement plus diplomate ; d’ailleurs il est ministre des affaires étrangères.
Mais que pense le Président de cette cohorte de la relève ? Il réfléchit, il réfléchit. Pendant les heures de travail à l’Elysée car il doit aussi se consacrer à ses devoirs privés. Et je doute qu’il couche des noms sur le papier dans ces moments-là…
Pour lui faciliter la tâche et sortir de cet insupportable embarras, j’ai une suggestion à lui faire. Qu’il appelle François Bayrou à Matignon !
C’est un original qui ne lui fera pas d’ombre et un être pondéré recherchant inlassablement le consensus, comme lui.
Il est né en milieu rural, est un homme de lettres, n’a jamais congédié son épouse, parle distinctement et lentement, même si les Français ne le comprennent pas toujours, n’a certes pas fréquenté l’ENA, mais possède une culture politique dense.
Mais par-dessus tout il est totalement disponible , et de surcroit François Hollande lui est redevable de son élection !