Les quelques jours qui viennent de s’écouler furent riches en événements politiques qui ont bousculé le bel équilibre traditionnel mâtiné de quelques compromissions ou reniements, qui se fait appeler Front Républicain. Le paysage démocratique n’est plus le même qui s’est teinté dans les bleus profonds et méditerranéens.
En dépit des fulminations, interpellations et autres discriminations péremptoires destinés à éloigner encore les électeurs du choix hérétique, ceux-ci se sont révélés vaillants et engagés. À Brignoles ils ont parlé haut et fort nonobstant leur nombre modeste. Paris et les médias n’ont pu les ignorer.
Deux prestations télévisuelles ont anticipé et éclairé cet événement. La première fut « Des paroles et des actes » avec Jean-François Copé comme invité, la seconde « le Grand jury LCI-RTL-Le Figaro» avec Marine Le Pen.
Le président de l’UMP a fait montre de nouvelles, quoique prudentes, avancées dans la dialectique qui le doivent enfin aux constats désespérés des citoyens de base qui tentent depuis longtemps de les faire remonter vers l’état-major pléthorique et partagé du parti. Paradoxe surprenant, on a la très nette impression que le discours sur les étrangers et les sans-papiers le devait autant au virage de cuti soudain de François Fillon sur le sujet. Car, ce fut lui qui le premier évoqua la remise en question du Droit du sol avant l’été, thème jusqu’alors tabou dans tous les rangs politiques « non extrémistes ».
JF Copé précédait aussi Marine le Pen en déclarant que la France devait être rendue moins attractive socialement aux étrangers et en finir avec certaines prestations d’assistance. Cependant pressé, selon l’habitude des journalistes de bien préciser ce que serait l’attitude et les prescriptions de son parti en cas de triangulaire défavorables lors des élections municipales, il bottait délibérément en touche nationale en rappelant la politique du « ni-ni ».
Ce n’est sans doute pas ce qu’attendent les adhérents et sympathisants car dans les communes ou postulants et citoyens ont une grande proximité, le choix des hommes reste autant affaire de sentiment que d’appartenance politique déclarée. Le mode de scrutin particulier qui envoie des élus d’opposition au conseil municipal permet un pouvoir de vigilance et d’alerte local indispensable et attendu. Et que l’on sache, ce ne sont pas ces conseils municipaux qui décident de l’avenir de l’Europe, de la fermeture des frontières, de la retraite à 60 ans ou du retour au Franc, options économiques du FN qui font désormais débat après que les accusations de racisme et de xénophobie se soient usées de trop d’évocations haineuses.
Dimanche soir, la présidente du Front national a redessiné le tableau avec véhémence et clarté, sans fioritures ni faux semblants. Elle parlait de la Maison France avec une logique qu’entendent les habitants de villes et bourgades qu’ils ne reconnaissent plus. Les clés de cette maison ont été depuis longtemps abandonnées à des concierges volatiles et des vigiles peu scrupuleux, sous-traités à l’Europe qui semblait ignorer jusqu’à mercredi dernier* que Lampedusa est une ile de la communauté…
*Visite éclair de Manuel Barroso