De nombreuses et véhémentes réactions qui font suite au billet précédent montrent la sensibilité aux problèmes de défense et de sécurité et un attachement formulé ou une indifférence discrète à la Dissuasion, ultime flambeau de souveraineté (de fierté ?) et d’influence internationale pour les tenants, malgré le contexte intérieur de dépendance économique grave et de fracturation de la société…
Le ministre de la Défense a présenté un Livre Blanc couvrant la période 2014/2025 qui prétend adapter avec « réalisme » le schéma et le fonctionnement des forces aux menaces potentielles et multiples, à « effort budgétaire constant ».
Dans cet « ajustement au réel », la carence de moyens constatés lors des interventions récentes est soulignée et les développements fort justement envisagés. Il s’agit du recueil du renseignement avec capteurs d’images (Drones et satellites) d’interception des transmissions (Ecoutes tactiques), des avions de transport longue portée, des avions ravitailleurs, des forces spéciales et enfin de la cyberdéfense.
Derrière des mots qui veulent rassurer les différents chefs d’états-majors, le principe réitéré d’ « entrer en premier » donne implicitement la priorité aux éléments qui sont capables de se projeter et d’intervenir rapidement et efficacement ! Sans esprit partisan, ni corporatiste, c’est bien l’Armée de l’Air et les forces aéroportées qui en sont l’instrument, comme l’a montré l’opération Serval.
Le maintien d’un porte-avions et de son armada de protection et de soutien ne répond pas à la nécessité d’une « présence permanente à la mer » pas plus qu’aux délais de réaction, comme on l’a vu lors de l’intervention libyenne pourtant proche de Toulon. Le préserve-t-on à cause du symbole de son nom prestigieux ou pour conforter une arme navale absente des théâtres d’opération?
La Force Océanique Stratégique (FOS) instrument essentiel de la dissuasion nucléaire fait de la Marine Nationale la carte maitresse de ce terrible jeu de Poker-menteur qu’est la menace du feu nucléaire. Je doute cependant fortement que les conflits multipolaires auxquels nous risquons de faire face contraignent un jour le président à l’utilisation de ce dernier recours !
C’est pourquoi une redistribution des ressources budgétaires me semblerait opportune, pour ne pas laisser les soldats de premier rang opérer avec des matériels obsolètes ou insuffisants !
En attendant qu'une coopération européenne permette un jour de mutualiser les moyens en partageant les efforts d'une Défense commune. Mais celà, notre ministre ne l'a pas même évoqué....