Notre président s’est enfin « normalisé » en devenant chef de guerre. Comme pour ses prédécesseurs qui avaient revêtu la tenue de combat, sa notoriété est remontée après une visite enthousiaste et glorieuse sur le terrain des opérations. Rien de tel qu’une bonne gesticulation de l’appareil militaire, fidèle, prompt et efficaceà l’extérieur, pour se débarrasser de la houppelande lourde et trempée des soucis intérieurs !..
Pendant que les députés s’opposent en vociférations partisanes sur un sujet de société qui use les citoyens et déçoit les militants, François Hollande profite d’une tribune étrangère pour proclamer « le plus beau jour de ma carrière politique »!
Ainsi donc, l’aboutissement ultime d’années de militantisme, qui l’a emmené à L’Élysée ne serait pas son heure de gloire politique ? Les sables du Mali et l’exubérance d’un peuple reconnaissant font plus pour le partisan que le vote des Français et l’adoubement sous les ors de la République !...
Eusse-t-il dit « Pouvoir », chacun aurait compris comment l’autorité déléguée par le peuple d’une nation trouve son paroxysme en de telle circonstance. Et évidemment l’Armée concède à son chef plus de fierté et de fortune que les syndicats dans les rues de Paris !...
Mais, oser à Bamako devant une foule étrangère, faire référence à sa carrière politique résulte au mieux d’un lapsus indélicat pour la foule locale et inconvenant pour les citoyens de France ou au pire révèle une totale imprégnation de son esprit par la manigance ambitieuse !
La guerre éclair des aviateurs et fantassins français, sans perte et sans reproche à ce jour, pourrait hélas, ne pas se conclure dans la même liesse. Prétendant là-bas que la France resterait aussi longtemps que nécessaire et ici, aussitôt rentré, que les troupes ont vocation à revenir dès le mois prochain, montre que la fin peut être justifiée par l’usure des moyens. Et laisser les Maliens en déshérence.
Si la transition de la sécurisation du Nord Mali avec les troupes de l’ONU se fait en contenant les horreurs d’exactions coutumières de la vengeance, alors nous pourrons être fiers. Le job aura été fait !
Sinon, nous serons à nouveau comptables d’un « Printemps africain » à l’avenir incertain...