Le président du Secours Populaire s’est montré durant l’été pour rappeler le droit aux vacances de tout citoyen. L’impératif de quitter son lieu de résidence durant l’été est une condition incontournable pour le bonheur auquel chacun prétend à juste titre !
Et c’est ainsi qu’aux heures chaudes de juillet et d’août des milliers de candidats aux joies estivales se lancent sur la route avec barda complet et débordant, pour se retrouver bloqués quelques dizaines de kilomètres plus au sud !..
Bison futé prévient pourtant avec deux ou trois jours d’avance des péripéties prévisibles de la route, mais qu’importe, la relève du samedi est sacrée ! Dès les hordes lancées, les chaînes nationales ne dérogent pas à la tradition récurrente du « micro goudron » qui consiste à faire dire à des conducteurs et parents hameçonnés au péage ou sur une aire d’autoroute ce que tout le monde sait et que seuls voient ceux qui précisément ne sont pas partis. Au mieux ceux-ci s’en contrefichent , mais d’aucuns jouissent d’un plaisir mauvais au désarroi de ces vacanciers inconséquents…
Dans 100 ans on revivra ces exodes gigantesques et risqués comme des folies auto-destructrices et tout simplement inouies !
On reverra alors sur les archives de l’INA ces théories de véhicules disparates et forcenés. Observer l'imbroglio des camions de 45 tonnes , des voitures agiles et des bolides, des motos et des tout-terrains se disputant les voies d’autoroute comblera les chercheurs du CRNS penchés sur les us et coutumes d’une autre ére. Imaginer que la perte d’un vélo mal arrimé sur le toit d’une petite voiture pouvait provoquer une pagaille spectaculaire en même temps que des morts évoquera l’enfer de Dante ! Au pire de la pagaille, par exemple lorsqu’un camion-citerne versait en répandant ses 30000 litres de carburant sur la chaussée, la voix attentive et chaleureuse de Radio trafic exhortait les conducteurs fossilisés sur le macadam à s’exfiltrer à la première bretelle . Dès lors que les heureux gagnants se retrouvaient sur une ancienne nationale départementalisée, non sans avoir acquitté sans réduction aucune (pour non exécution du contrat de sécurité-vitesse par exemple) le montant du péage, ils se retrouvaient largués dans le silence des ondes et l’indifférence des forces de gendarmerie. Avec devant eux un bouchon quasi équivalent à celui auquel ils venaient d’échapper mais qui demeurait, celui-là, totalement anonyme et imprévisible !..
C'était le temps béni des congés payés, période des exodes massifs, auxquels même le président-super-normal n'échappait pas, qui aimait tant se rapprocher du petit peuple au soleil...