Je ne peux m'empêcher, nonobstant les sentiments de compassion qui m'animent pour les victimes réelles et leurs familles, de rapprocher le naufrage annoncé de l'€uro de celui du paquebot Concordia ...
Au bord de cette mer mythologique , sont nés les grands mouvements et le génie humains de civilisations révolutionnaires qui se sont propagées sur ses eaux azuréennes pour fertiliser le Nord encore rustre, avec la démocratie, la beauté, la culture..
Toutefois, Mare Nostrum connait des fureurs subites qui bousculent les embarcations et parfois ruinent ses rives. L'humilité et la prudence sont, avec le courage et l'art du compromis avec Éole, les indispensables ingrédients d'un commerce courtois et parfois héroïque avec elle...
Né de pères visionnaires , le bateau Europe s'est construit trop vite vers le gigantisme, comme ces mégapoles sur mer, emporté par ce dogme technocratique que le nombre fait absolument la force (et le profit !).
Dans le gigantesque Concordia, les passagers venus de pays divers sont entre les mains d'un équipage cosmopolite et furtif et d'un capitaine distant qu'ils ne voient qu'à distance pour les cérémonies de bord. Le monstre avance , les passagers sont rassurés par le bruit lointain et sourd que cette énorme machine répand vers leurs couchettes du 4ème sous-pont. Mais quand le drame éclate, les passagers qui parlent des langues si différentes ne se comprennent plus, pas plus qu'ils n'entendent les consignes de sécurité dispersées dans une autre langue que la leur . C'est la panique !
La zone euro s'est construite sur les mensonges des budgets truqués et les déficits généralisés de pays qui vivaient tous au dessus de leurs moyens. Symbole fort , analogie poignante avec le naufrage maritime, c'est de la Méditerranée qu'est venue la tempête propagée autour de son bassin.
Les nationaux ne connaissent des institutions européennes que les restrictions et limitations qu'elles imposent à leur quotidien. Ils sont incapables de dire le nom de leur député qu'ils n'ont jamais vu et dont ils ignorent le travail à Strasbourg. Le président de cette Europe est aussi lointain que le commandant à la passerelle du super paquebot. Il parle une langue qui leur est étrangère, lorsqu'il sont en mesure de l'entendre...
Le Commandant Schettino a commis deux fautes graves: pour un geste bellissime à l'égard d'un seul de ses adjoints il s'est écarté de la route avec ses 4300 passagers , venant ainsi fracasser ce nouveau Titanic contre un vulgaire écueil italien. La seconde est encore plus symbolique, quand il abandonne le navire et des personnes à leur destin !
Dans le bateau désemparé de l'Euro, il est réconfortant de constater que deux officiers courageux ( Allemand et Français) ont entrepris de parer au désastre, et qu'ils n'ont pas l'intention de quitter le navire dans le naufrage !
C'est une différence notoire dans l'analogie mais qui peut donner , dans ces mois tempétueux qui s'annoncent, un espoir et surtout une conviction nouvelle pour soutenir le notre qui maintient la gouverne résolument.
Il serait sage de ne pas changer le barreur durant les grands vents de cette dépression européenne qui balaye notre pays!
Dans le rétroviseur : http://target2007.typepad.fr/hgizardin/2008/05/le-grand-et-ult.html