Marine Le Pen apparaît dans des émissions radio ou télévisées. Rien que de normal. C'est une personnalité élue, qui se réclame d'un parti officiel . Quand le FN va changer de président et alors que les médias frémissent d'une pré-pré-campagne présidentielle, c'est encore plus justifié (sauf pour Michel Druker qui décrète la discrimination négative sur le service public?).
Ce qui l'est moins c'est la manière très particulière dont elle est traitée par les journalistes interviewers. Quand ce n'est pas avec une agressivité arrogante comme Alain Duhamel lors d'une l'émission « A vous de juger » , c'est souvent un échange acide et chargé de contestation où les journalistes se font moralisateurs et ne manquent pas de traduire ses propos avec la grille convenue et récurrente de la xénophobie.
Mélenchon peut bien vouer tous les politiques aux feux de l'enfer gauche et éructer la provocation tous azimuts. On dit alors que c'est la poil à gratter préféré des médias. Pas d'états d'âme non plus pour le Postier rouge. Son remugle révolutionnaire le suit dans les couloirs radiophoniques sans que quiconque se bouche le nez! D'autres peuvent mentir, se contredire ou saper à petits mots la solidarité partisane dont ils se réclament. Ils n'encourent qu'exceptionnellement un sarcasme de bon aloi.
Mais la haine cerne Marine Le Pen. Non pas tant celle qu'on lui impute, mais celle que ses interviewers exhalent inexorablement face à elle. Ce n'est pas en fustigeant ses propos en bloc ou en la censurant que la presse rend service à la démocratie. Et ce n'est pas en élevant des protestations de dégout que les partis vont conforter leurs adhérents. S'ils discutaient avec elle du coeur du débat, plutôt que de remuer inlassablement le couteau dans les plaies du père, ils seraient mieux compris d' électeurs aux velléités fugueuses...