Dans une semaine vont se dérouler les manifestations pour célébrer la Fête Nationale. Aux parades militaires traditionnelles succéderont les innombrables réceptions et feux d'artifices qui réchauffent les cœurs et refroidissent les trésoreries. Par ces temps de tempérance, les panaches pyrotechniques pétaradants seront-ils un contre-feu à la morosité?
Le défilé sur les Champs Elysées sera cette année ouvert par des troupes noires des anciennes colonies sub-sahariennes. De très nombreux chefs d'états africains vont assister aux démonstrations de force d'une nation qui pendant des années a repoussé les dettes sous les tapis rouges de la magnificence . La conjonction d'un climat délétère et d'une célébration pro-africaine laissera suggérer aux mauvaises langues que notre République exhale cette année des odeurs de bananes…
On devrait être plus vigilant avec ce symbole intouchable. Les nations vulnérables, les dictatures et les républiques bancales masquent toujours leurs profondes lézardes derrière de grandes célébrations guerrières (Corée du Nord, Iran, pays du bloc soviétique pendant le guerre froide…) Les observateurs lointains de la CE, du FMI et de Wall street ont sûrement un œil moins attendri que le bon peuple qui acclame au passage les gardes républicains chamarrés, sur leurs fières montures.
Le Président a une tâche urgente , impérieuse et difficile avant de s'asseoir sous le dais officiel mercredi prochain, entouré de tous ces notables amis-de-la-France. Il doit rassurer le pays et redonner du bleu à l'horizon!
On pourrait rêver un instant que la Place de la Concorde, haut-lieu de la messe républicaine annuelle, suggérerait une trêve politique. Une belle image qui titillerait l'espoir montrerait les chefs des partis de l'opposition dans la tribune officielle. En outre, il ne serait pas inconvenant que ces ardents défenseurs de la décolonisation et de l'anti-esclavage côtoient les anciens soumis dans une grande liesse commune et expiatoire.
Dans une semaine, nous saurons si la Fête méritait sa renomée...