À juste titre, certains grands patrons provoquent la colère de Français en souffrance économique par un comportement indécent et amoral. Apparemment ignorants de la crise qui étrangle le pays et chaudement confortés par les complices en usurpation de biens sociaux, leurs alter-égaux ("consanguins", dirait Dominique Strauss-Kahn) des conseils d'administration, il voguent sur des millions avec une désinvolture qui atteint le paroxysme de la provocation!
Outre que l'on peut raisonnablement se demander en toute innocence, ce qu'ils peuvent bien faire d'un trésor ainsi accumulé, ils jettent un épouvantable discrédit sur les centaines de milliers d'entrepreneurs qui créent , retiennent, encouragent les emplois et maintiennent ouvert le robinet d'une richesse commune. C'est d'abord eux qui devraient s'insurger contre ces pratiques quasi mafieuses!
Mais , en dépit de leur exemplarité, ces déviances ne sont pas les causes du mal économique, pas plus que les millions d'Euros alloués à des tapeurs de ballon, et qui s'échappent hors des frontières. Elles occultent d'autres générosités structurelles et corporatistes bien plus dommageables à la bonne répartition des richesses produites car elles sont sournoisement et durablement réparties dans les professions publiques et privées.
Ces privilèges (Avantages acquis pour les syndicats) qui se prolongent souvent par des libéralités post-emploi sont accordés selon des bienveillances ou des accords qui datent d'autres temps plus dynamiques comme les 30 glorieuses, peu avares alors de primes et sinécures. Il est difficile de les identifier de manière exhaustive tant la discrétion est de rigueur, là ou la mauvaise conscience pourrait agiter les vertus d'équité…
Cartes de réduction SNCF pour des haut gradés qui ne prennent plus le train et tarifs préférentiels pour les cheminots, électricité à prix discount pour les salariés et ayant droits d'anciens salariés d'EDF, généreuses allocations pour des élus cumulards qui peuvent devenir de très confortables retraités après deux mandats, cadeaux de compagnie d'aviation qui offre ses largesses aériennes au cercle familial (*), Comités d'entreprise richement dotés, véritables agences de voyage, sont quelques exemples de la distribution de faveurs improductives qui ont un prix .
Ce souk social aux venelles confuses est fermé à tous ceux qui n'ont pas obtenu leur première carte de travail. En cette période difficile, les pourfendeurs de grosses têtes patronales pourraient aussi s'y aventurer pour y débusquer une opportune vérité qui donnerait plus d'équilibre au débat…
*:Certains bénéficiaires recyclent intelligemment cet avantage en voyages à but humanitaire. Elégante manière de transférer un cadeau à des démunis!