…MOI NON PLUS!
Le salon de l'agriculture est le plus dense rassemblement de mammifères de la capitale. Pendant 8 jours, la couche d'ozone au dessus de la porte de Versailles subit une brutale intrusion de flatulences animales ce qui est hautement dommageable au climat et à la salubrité de l'air, mais heureusement pas irréversible…
Mais le pire n'est pas là! Il est dans le défilé incontournable des présidents, ministres, élus, représentants, édiles et autres candidats dont les discours en paroles convenues et courtoisies un tantinet obséquieuses et très éphémères envers le monde paysan sont encore plus dommageables à la sincérité que six mois de campagne électorale!
On savait Chirac, et c'était l'un de ses rares mérites, familier du cul des vaches et des fortes libations qui accompagnaient des propos chaleureux à leur égard. Depuis lors, il est difficile de trouver parmi les augustes visiteurs des chantres éloquents capables de porter les ruminants, équidés, gallinacés, ovins, porcins, caprins et autres vedettes des travées au pinacle champêtre et relever en toute connaissance le mérite de leur éleveurs respectifs. Je n'en vois qu'un, familier de la Blonde d'Aquitaine ou du petit cheval de Mérens : François Bayrou. Je lui rends aujourd'hui hommage de cette qualité…
Que vont penser les belles rousses limousines en voyant défiler Martine Aubry ou Xavier Bertrand? Ou encore les altières Salers des commentaires punchés d'un Besancenot? Que dire du profond questionnement intérieur d'un fier coq bressan devant Jean-Louis Borloo, et de l'immense expectative d'une dinde aveyronnaise au passage de Ségolène Royal? Quant au Premier ministre, je crains que sa mine sévère ne soit pour les roses porcins l'annonce funeste de rillettes prochaines!
Heureusement, cette grande ferme parisienne est un spectacle vivant, hautement plébiscité par les enfants. La sincérité de leur curiosité et de leurs commentaires plaide, s'il en était besoin, pour la pérennité de ce rassemblement rural.
Au fond, eux seuls devraient partager la parole avec les animaux. Le grand chapiteau résonnerait alors des échanges entre êtres vraiment sincères...
