Une avancée importante dans le domaine du travail est la création du « Compte personnel de prévention de la pénibilité ». C’est une révolution aussi importante que les « 35 heures » et nul ne peut douter qu’elle produira un effet dynamique équivalent sur l’économie en même temps que sur le bien-être des employés...
Parmi les critères déjà mis en œuvre, le port de charges lourdes, le bruit, le travail de nuit et répétitif, en équipes successives alternantes, l’environnement sous température extrême, hyperbare et l’exposition à des agents chimiques dangereux, constituent des facteurs déterminants de pénibilité.
Bien entendu la fonction publique, bénéficiera de cette novatrice protection « qui recouvre des contraintes physiques, environnementales ou liées aux rythmes de travail susceptibles de laisser des traces durables et irréversibles sur la santé ». Enfin une reconnaissance pour les fonctionnaires, territoriaux en particulier, des tourments physiques et psychologiques liés à leur tâche !
Je me pose légitimement la question de ce qu’il en est pour les militaires, car à l’évidence les facteurs de pénibilités retenus s’appliquent pile-poil à leur boulot, en temps ordinaire d’opérations. Mais comme l’environnement du combattant est l’essence même de son engagement, les dangers inhérents à celui-ci sont tacitement acceptés par les intéressés qui ne peuvent s’en réclamer. Les primes diverses adaptées aux circonstances, sont là pour faire taire toute protestation innocente.
Cependant, les temps très agités qui courent obligent les soldats de moins en moins nombreux à des missions de plus en plus permanentes sur des terrains aussi divers que les rocailles du Ténéré et les halls de gare. Le danger invisible, fugace et sournois est un nouveau facteur de vulnérabilité psychologique évident. Les périodes d’entrainement (indispensables et exaltant la joyeuse camaraderie) mais surtout celles de repos sont passées aux profits et pertes. L’entraînement, sinon la convivialité, ont désormais lieu sur le terrain qui n’est plus vraiment d’exercice.
L’État employeur, s’en soucie-t-il ?
Quelques officiers généraux ont risqué devant une commission ad’ hoc ou publiquement, un état des lieux réaliste et sincère, motivant une reconsidération vigilante et urgente des moyens (donc du budget) des armées. Ce qui a valu à certain de belles vacances en terre tropicale..
Mais pour demeurer honnête, il faut aussi considérer que le Président portant une charge très lourde dans un environnement social d’une température extrême est soumis aux urgences du présent qui le distraient des réflexions utiles sur l’avenir. D’ailleurs, la dureté de sa tâche devrait légitimement le rendre éligible à un compte spécial de pénibilité lui permettant lui-aussi une retraite anticipée !