La loi sur le non cumul des mandats frappe le Sénat depuis le 1er Octobre, après la grande dispersion à l'Assemblée Nationale en Juin dernier.
Point besoin de pédagogie pour rappeler que les sénateurs sont les représentants des collectivités territoriales ( article 24 de la Constitution) et précisément élus par les grands électeurs de leurs assemblées.
Choix cornélien pour certains entre l'attachement à leur commune ou autre collectivité, et le protocole somptueux du palais du Luxembourg. Et aussi pour d'autres , le confort des fauteuils, attentions et facilités diverses en même temps que des indemnités.
Selon Public Sénat*, 41 sénateurs ont abandonné leur siège parisien et 93 leur mandat local.
La fidélité aux électeurs locaux le dispute à un mandat national qui permet, dans la limite des prérogatives législatives de la Haute assemblée, de porter des projets et réformes pour le pays. Et surtout, contrairement à ce que pouvaient prétendre des députés en campagne pour eux-mêmes, à défendre des intérêts locaux. Particulièrement depuis la suppression bienvenue de la réserve parlementaire, cagnotte matinée d'un paternalisme désuet et contribution sournoise au clientélisme électoral...
Les sénateurs qui ont fait le choix de demeurer sur leur fauteuil communal ont pour certains beaucoup de mérite. Surtout parmi ceux des petites villes et bourgs, mais aussi ceux de moyennes ou grandes cités, auxquels le temps à prodigué une notoriété locale indiscutable. Ainsi, Jean-Claude Gaudin, un vétéran des mandats, maire de Marseille depuis plus de 22 ans, quitte le Sénat après 19 ans de fonction. Son accent pittoresque n'illuminera plus les sessions du bel hémicycle doré , mais on peut penser qu'il a bien usé son siège cramoisi et que celui de la mairie phocéenne n'est pas moins confortable..
En revanche, pour d'autres et surtout élus lors des renouvellements récents prenant nonobstant la même décision, chapeau bas !
Leurs concitoyens locaux qui les ont élus, ne peuvent que se satisfaire de ce choix de fidélité qui honore leur édile, tout en l'obligeant derechef. Elle fait indéniablement taire les oppositions qui n'auraient pas ménagé leur critique d'une décision contraire, assimilée par elles à une retraite ( dorée) en rase campagne...
* Selon la même source, 30,6% ont préféré leur mandat local et 69,4% celui de sénateur.
D'après une autre source , début 2017, sur 348 sénateurs, 294(84%) avaient un mandat local. 126( 36%) étaient maire , et parmi eux ,10 d'une ville entre 50 000 et 100 000 habitants.