Les circonstances capricieuses de l’actualité révèlent en parallèle, cette semaine, deux systèmes d’écoutes remarquables, bien qu’à pratiques et objectifs très différents.
Le ministère de la Justice annonce la création d’une plateforme centralisée et totalement informatisée destinée à traquer les communications dans le cadre d’instructions judiciaires. Rapidité, efficacité et total contrôle de la confidentialité seront désormais assurés avec ce centre d’Élancourt opéré par l’entreprise Thalès. Ce qui sous–entend que jusqu’alors les délais de procédure servaient les indiscrets et parfois aussi les assignés…
Ce n’est pas encore l’équivalent du NSA américain, mais nos grandes oreilles prennent du pavillon. Il est loin le temps des bricolages du Palais et de sa cellule fouineuse dont Mitterrand ignorait l’existence….
Mais une question se pose. L’Élysée et la Place Vendôme bénéficieront-ils d’un abonnement prioritaire ?...
Précisément, à propos de présidence on découvre avec stupéfaction les stratagèmes audio d’un conseiller qui prenait des notes à l’ancienne, façon Stasi, à l’insu de ses auditeurs. Patrick Buisson, l'espion au regard froid, enregistrait donc des entretiens de travail avec Nicolas Sarkozy, mais aussi avec d’autres partenaires ou contacts privés. Enregistrements qui n’ont pas été versés aux archives de la présidence mais égarés et étonnement retrouvés ces jours-ci. Par qui et pourquoi ? C’est la question qui fera suite aux dépôts de plaintes par les piégés, mais aussi par le piégeur qui ne manque pas d’air à défaut d’alibi !
Après l’affaire Méry, la balance posthume, et la bombe Cahuzac déclenchée par un modeste enregistrement téléphonique, voici que nos oreilles citoyennes bourdonnent de nouveaux acouphènes nuisiblement révélateurs !
Faudra-t-il aussi créer un central de contre-mesures pour neutraliser les perfides du magnéto en leur brouillant fermement l’écoute ?